B.3.5.2.2 L’intrication des corps face à la désintrication radicale

L’intrication entre la Vie et la Mort se retrouve en ces lieux, déboîtée de la place qu’elle occupe habituellement pour l’ensemble des vivants. Les différentes configurations psychiques qu’elle ordonne questionne ainsi la limite de façon incessante. Les points de certitudes, la prévisibilité requise par tout sujet pour anticiper son devenir et pouvoir poser sa demande identificatoire, sont ici dans l’impossibilité de se pacifier.

C’est du côté des corps, dans une surchauffe érotique qu’une bordure est recherchée. Les émois corporels, l’orgasme, sont agis en ce qu’ils vont réintroduire une limite. La décharge pulsionnelle fournit un socle corporel de certitude à la psyché. Face aux corps effractés des salles d’opération, les agirs sexuels réassurent les professionnels de l’intégrité de leur corporéité. Face au prodigieux potentiel de destruction de l’acte opératoire (les découpes dans le corps), l’effraction phallique de l’accouplement opère comme réassurance. Elle se situe alors résolument du côté du vivant, et fait barrage aux morcellements que l’activité du bloc précipite. La «petite mort», cette pause momentanée dans la tension est alors un pied de nez, lancé à «celle qui rôde». La pause n’épuise pas le désir. Dans l’acte sexuel le sujet éprouve sa tension de vivant et de désirant, vivant parce que désirant d’un corps en émoi. L’excitation génitale et le coït sont une manière de sursaturer sensoriellement et émotionnellement la psyché et de tenter de bloquer l’émergence de l’angoisse. Le «Je» peut alors «ne rien vouloir savoir» de la scène psychique s’assimilant entièrement au sensoriel et s’absentifiant dans la brève et prévisible mais rassurante dissolution de la décharge orgasmique.