B.4.1.8 Le trauma dérange la temporalité

A contrario dans les expériences traumatiques et dans certaines expériences de transgressions où le «Je» s’aliène, l’évènement initial, celui qui va faire l’objet de la commémoration, tend à être configuré comme point d’origine.

Ce que le traumatisme déjoue et que l’expérience transgressive s’efforce d’ignorer, c’est précisément la nécessité de mise en représentation. Le traumatisme ne fait que suivre la voie du retour de ces moments énigmatiques où se précipite une rencontre entre un sujet et ses «objets». À la différence de ces temps énigmatiques mais marqués du sceau de la symbolisation qui inscrivent le «Je», comme sujet du lien et comme sujet du sens, les traumatismes s’inscrivent sous la modalité de l’errance. Il n’y a pas place de commémoration et donc pas d’érosion de leur aspect énigmatique, indécidable (B. Duez 1999176).

Ainsi, dans ce qu’il est convenu de nommer des «névroses traumatiques», on se trouve aux prises avec un déraillement du temps, et l’on a alors affaire soit à une amnésie, un temps qui disparaît, qui s’absentifie, soit à une hypermnésie 177, un temps qui refuse de prendre place dans la chaîne temporelle, un temps qui vient occuper toute la psyché.

‘«Le traumatisme se transmet sans se représenter, ou se transmet pour ne pas être représenté.» (A. Ciccone 1999178).’

On a donc affaire avec un effacement du temps, et de l’inscription d’une trace dans l’appareil de mémoire, ou bien à une actualisation incessante de ce qui ne trouve pas de place, ne parvient pas à être inséré dans une trame symbolique.

Notes
176.

Bernard Duez propose de référer l’ensemble des dynamiques traumatiques à la catégorie de «l’indécidable» Dans la mesure où dans nombre de situations les sujets utilisent le traumatismenotion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme pour revendiquer un statut héroïque, on se trouve dans un mouvement simultané de «sortie» et «d’enfermement» paradoxaux, soit donc bien sous le primat de l’«indécidable». (B. Duez (1999), Le traumatisme psychique, de l’affect au modèle - in Canal Psy Lyon II, n°37, p. 5-6).

177.

Adnan Houbballah (1998), Destin du traumatismenotion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme notion traumatisme - Paris, Hachette, p. 241.

178.

Albert Ciccone (1999), La transmissionnotion transmission notion transmission notion transmission notion transmission notion transmission notion transmission notion transmission notion transmission psychique inconsciente - Paris, Dunod, p 95.