B.5.1.3.1 La place faite au lecteur : entre appropriation et sidération

Au-delà du seul récit de l’avortement, c’est toute sa vie dont Annie Ernaux rend compte au fil de ses publications. C’est par ce passage de l’écriture et dans une revendication identitaire à être «écrivain», qu’elle tente de s’extraire de l’engluement dans l’expérience, de l’historiser, de la réintégrer dans une chaîne temporelle, et subjective. Exclusivement autobiographique, l’écriture est érigée en mode d’appropriation. Le statut d’écrivain combine alors les figures du «héraut» et celle du «héros ». Au travers de la mise en récit, elle devient le héraut de sa geste héroïque216.

Avec ce récit autobiographique («L’événement»), comme avec l’ensemble de l’écriture d’Annie Ernaux, on se trouve en présence d’un double mouvement : une dynamique consiste bien dans cette visée d’humanisation de l’expérience ; un autre en une (nouvelle) visée de dépossession. Cette dernière trouve à se jouer dans une exhibition qui effracte et efface les frontières, détruit l’intime, et se donne comme agir violent.

Notes
216.

Freud a souligné (1912) comment la figure du « héraut» jouxte, et s’intrique à celle du «hérosnotion héros notion héros notion héros notion héros notion héros notion héros notion héros notion héros «.