B.5.1.5.1 L’écriture autobiographique : exhiber et détruire l’intime

L’écriture autobiographique apparaît pour le «Je» comme une issue viable face à la confusion. Tout ce qui pourrait relever de l’intimité, constituer de l’intimité, est transformé en matériel d’écriture, réalisant un double mouvement de reconnaissance et d’expulsion. L’expérience est reconnue par le «Je», mais soustraite à la «toute vision» du surmoi archaïque. Si le sujet se fait naître au moment sidérant, il s’assimile aussi identitairement au mouvement du passage entre éprouvé intime et exhibition publique dans l’écriture. C’est du reste ainsi qu’Annie Ernaux dira concevoir sa vie «‘Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l’écriture, c’est-à-dire quelque chose d’intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans la tête et la vie des autres’ 230 ‘ »’. Cette incessante transformation-expulsion de l’intime en matériel d’écriture, confère au «Je» une reconnaissance au travers du statut d’écrivain, et lui fournissant une seconde enveloppe, véritable matrice sociale. C’est du socius qu’elle réclame un nouveau statut identitaire, public celui-là.

Notes
230.

Dans ce passage déjà mentionné, est épinglé la position identitaire escomptée par l’auteur, au travers de l’écriture et de sa publication ; op. cit., p. 112.