B.6.1.1.2 Le maintien de l’excitation et les points d’impasse de la subjectivation

Sur ce versant, la jouissance est à rapprocher de la contrainte de répétition, contrainte émanant des parts indifférenciées, demeurées en collage avec la psyché de l’autre, en ses propres points d’indifférenciation, - par où l’on voit que la dynamique incestueuse / incestuelle, est ce mouvement même où le «Je» s’aliène à ses «objets internes» peu ou mal différenciés. Lorsque le «Je» se maintient dans une excitation qui l’excentre et l’aliène, on a donc affaire à la «jouissance».

L’excitation maintient le collage aux zones de confusions, maintient de l’indifférencié au sein de la psyché, là où précisément les «premiers objets» ont été défaillants, là où eux-mêmes se trouvaient en défaut de différenciation. Le «Je» n’a pu utiliser «l’objet» pour faire bord à l’excitation qui le submergeait, l’engloutissait : d’éprouvés de dissolution, en vertiges, en effondrements. Une des fonctions requises de la mère par l’infans est bien celle de «pare-excitation», de «porte-parole». Ne trouvant pas de bordure à ces éprouvés d’«envahissements» ou de «vidages», le «Je» va se fixer au mouvement même de l’excitation pour tenter de la maîtriser, ou tout au moins de la rendre prévisible, prédictible, et s’assurer d’un minimum de stabilité.

En nous référant à la situation du couple collègues-partenaires de Laure et Adrien, et à celle d’Annie Ernaux, il s’agit bien pour le «Je» de demeurer dans le scénario au sein duquel il occupe tour à tour, ou simultanément toutes les places. Ce mouvement spécifie la clôture narcissique, c’est donc bien le lieu où le «Je» se noie. Dans une telle configuration la pensée élaborative et historisante est rabattue dans le registre du «superflu».