B.7.2.3 La victime, le masochisme et l’organisation psychique institutionnelle

Une question se pose dans le travail avec ces institutions, eu égard au traitement des éléments «pathogènes» qu’elles accueillent ; il s’agit de celle du lien entre la capacité d’un groupe à traiter ces éléments, et la structuration psychique de ces institutions (les fantasmes inconscients et les imagos qui les organisent, leur rapport à la fondation et aux représentants du pouvoir et du cadre institutionnel). On a affaire avec ce type d’institution à des structures qui se sont fondées à partir de positions idéologiques. Dans la caricature, ces institutions se devaient de protéger «les femmes victimes» «des hommes violents-violents 304  ». On entrevoit ainsi comment un travail institutionnel est requis en rapport avec de telles fondations, afin que le travail d’accueil continue à demeurer possible. Des positions où du masochisme se révèle par trop crûment demandent pour être accueillies précisément une véritable révolution relativement aux fantasmes organisateurs de l’institution et aux imagos qui soutiennent les positions professionnelles, et donc d’une mutation de la configuration de l’appareil à penser. L’idéologie vaut initialement comme appareil de pensée, mais ne saurait suffire, à moins de basculer dans l’exclusion systématique de tout ce qui vient la déranger - pensée et militance, on le sait, ne font pas bon ménage.

La configuration de cette institution nous paraît en cela emblématique du travail requis concernant la mutation de la structuration psychique des institutions qui interviennent auprès de ces publics, et mérite que nous l’interrogions plus précisément. Nous allons donc revenir sur cette situation dans notre 2° partie.

Notes
304.

L’expression est d’Alain-Noël Henri (1991), Conférence AEMO Toulouse.