C.1.2.4 Incarnation de l’interdit

L’interdit corrélé au fantasme tient habituellement lieu de censure, et oblige la représentation scénarique du fantasme à un détour, avant de pouvoir venir se figurer et se représenter366 - ceci constitue le socle même à partir duquel peut se développer la pensée.

‘«Le fantasme s’avère donc formé comme un scénario ou une série de scénarios pouvant se substituer les uns aux autres afin de passer la barrière du refoulement. Le désir inconscient n’y est pas directement lisible, car il peut avoir subi toutes sortes de travestissements défensifs lors de la mise en scène, laquelle devient alors acceptable et permet au fantasme d’être conscient.» (S. de Mijolla 1996367).’ ‘«Le fantasme ne produit ses effets organisateurs qu’en raison des propriétés distributives, scénariques et permutatives qu’il tient de sa structure groupale, c’est-à-dire de son aptitude à mettre en scène des relations de désir entre un sujet et ses objets, d’y figurer les défenses contre leur réalisation. (R. Kaës, 1996368).’

Le travail (psychique) de ces institutions va dès lors consister à se préserver de ces déliaisons, tout en maintenant une suffisante capacité de «soin», de centration sur les sujets qui agissent ces mêmes déliaisons mortifères.

N’ayant pas trouvé à se structurer et à se figurer en interne pour les sujets qui font l’objet de la prise en charge, «l’interdit », et la place de l’interdit vont devoir se signifier, et se figurer dans une extériorité369. On a ainsi affaire à une topique qui re-duplique en externe un appareil psychique qui ne saurait être que fragile et menacé. C’est la structure externe, l’ensemble de l’organisation et du personnel, qui sont appelés à prendre la place d’un appareil psychique en défaut de contenance et de capacité de symbolisation.

Notes
366.

Nous aurons à revenir sur la place de «l’imagonotion imago notion imago notion imago notion imago notion imago notion imago notion imago notion imago «, dans son lien à la configuration scénarique du fantasme (cf. le chap. intitulé «Scénario matriciel»). Notons pour l’heure que l’imago ne participe au travail de transformation et de subjectivationnotion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation requis, que pour autant que le groupe parvienne à tolérer la double valence de l’imago. Lorsque les imagos positives et négatives parviennent à coexister à l’intérieur de la psyché groupale, elles autorisent alors un accès à une position d’ambivalence maturative. Elles ne se présentent plus comme des barrages hermétiques posés face au fantasme et au travail que celui-ci requiert et ordonne.

367.

Sophie de Mijolla (1996), Le statut de la représentation - in Mijolla de A. et Mijolla Mellor de S. (sous la direction de), Psychanalyse, Paris, Puf Fondamental, p. 371.

368.

René Kaës (1996 b), op. cit., p. 14.

369.

Soulignons que l’un des axes de recherche de Bernard Duez consiste à penser des dispositifs thérapeutiques à même de prendre en compte cette externalisation des instances des usagers des institutions (instances en défaut de constitution et de figurations internes), de manière à ce que les dynamiques qui sont jouées par ces usagers dans les liens qu’ils développent à l’égard de l’institution trouvent une scène où se figurer, où venir «s’obscéniser», selon la terminologie de cet auteur, et deviennent potentiellement repérables et «traitables». B. Duez (1996), Psychopathologie de l’originairenotion originaire notion originaire notion originaire notion originaire notion originaire notion originaire notion originaire notion originaire et traitement de la figurabilité - in Kaës R., et alii, Souffrance et psychopathologie des liens institutionnels, Paris, Dunod, p. 161-203.

Une des têtes de chapitre du travail de Jean Pierre Pinel autour de «La déliaison pathologique» (1996), témoigne d’une appréhension similaire. Il titre : «L’institution une instance fragile», op. cit., p. 53.