C.2.2 Consentir à ce qu’il y ait «du père », à ce qu’il y ait «de l’origine »

Consentir à ce qu’il y ait « du père », c’est consentir à ce qu’il y ait « de l’origine ». L’origine désigne le lieu même de l’alliance entre l’homme et femme, et d’être cet entre deux de la rencontre, il se spécifie comme échappant à chacun, comme ne pouvant être approprié par aucun. Le processus de subjectivation du «Je» en ses errances, peut être éclairé à la lumière de ce rapport à l’origine (D. Vasse390) entre «refus » et «consentement à ce que ça échappe.» Désignant ce mouvement au-delà de l’emprise, l’origine devient le lieu même où la «tentation» d’emprise mortifère vient se jouer. Elle se révèle comme le refus de la castration, et celui de la génération, le refus de «l’entre deux» (D. Sibony 1991391). C’est donc dans le rapport du «Je» à ce point, à ce qui ne saurait que se dérober, qu’émerge la question du meurtre, en tant que celui-ci témoigne de l’agir de l’emprise sur la génération. Ce lieu de l’origine Pierre Legendre (2001392) le spécifie comme «l’originaire » et le définit comme «le lieu de l’absolu indisponible». C’est de rencontrer cette présence absente, cet espace qui n’existe que dans / et par la rencontre, cet «absolu indisponible», que l’humain se fonde en son humanité manquante, en désirance d’alliance.

En ce sens la question «du père 393  » introduit à la temporalité, et donc à la généalogie - elle devient «l’embrayeur de la structure» (J. Dor 1992394). À suivre Freud et la lecture lacanienne de «Totem et tabou», la relation au père révèle/produit «les signifiants des «Noms- du -père » et introduit à l’ordre de la différence. Cette relation aux signifiants du père, sous-tendue par la relation à l’origine, conjoint alors les dimensions du meurtre et du renoncement - ce mouvement du renoncement que J. Hassoun (1996395) désigne comme le «sacrifice du sacrifice». Le renoncement concerne la sortie de la tentation de l’emprise meurtrière du père sur le fils. Dans une telle dynamique «le père est en position d’être à la fois meurtrier de l’enfant et celui qui le gracie» (P. Legendre 1989396).

Notes
390.

C’est cette dynamique du rapport à l’originenotion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine et ses incidences au niveau des positions psychique occupées par le «Je» que tente d’éclaire r le travail de Denis Vasse (cf. notamment [1995 a], Inceste et jalousie - Paris, Seuil.

391.

Daniel Sibony (1991, revu, et augmenté pour l’éd. de poche 1998), Entre-deux. L’originenotion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine notion origine en partage - Paris, Point Seuil, 399p.

392.

Pierre Legendre (2001), De la société comme texte - Paris, Fayard, p. 126.

393.

L’expression lacanienne des «Noms-du-pèrenotion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père notion Noms-du-père « désigne cet ensemble de signifiants qui font appel et signent pour le sujet le registre du symboliquenotion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique . La reprise de l’expression lacanienne «les Noms-du-Père», (à partir du mouvement dont elle est le lieu) au travers de la seule spécification «du pèrenotion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère « nous permet une ré-appropriation - redécouverte de ces concepts-charnières. Si ces concepts sont censés faire office de balises en ces territoires mouvants, il est des moments où à vouloir suivre par trop fidèlement les repères élaborés par d’autres, le voyageur s’égare et se confond plus aisément qu’il ne garantit sa route.

«Ce qui s’articule à la Loi, ce qui s’organise comme tiers et qui est désigné par Noms-du-Père est un ensemble de signifiants. Un seul signifiant (...) ne peut totaliser cet ensemble. Pourquoi, sinon que cette fonction paternelle - effet de discours maternel - vient entrer en composition avec l’Autre. C’est même cette fonction qui constitue le maternel en Autre, l’Autre du sujet j’entends.» (Jacques Hassoun [1996], Du père de la théorie psychanalytique (de Freud à Lacan) - Godelier M. et Hassoun, J. (sous la direction de), Meurtre du Père, Sacrifice de la sexualiténotion sexualité notion sexualité notion sexualité notion sexualité notion sexualité notion sexualité notion sexualité notion sexualité , Paris, Arcanes, p. 63).

394.

Joël Dor (1992), op. cit., p. 22-23.

395.

«Le sujet ne tente-il pas de produire dans ce sacrificenotion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice notion sacrifice du sacrifice ce qui se pense en termes de signifiants du Nom-du-Père ?» (J. Hassoun [1996], op. cit., p. 7).

396.

Pierre Legendre (1989), Le crime du caporal Lortie. Traité sur le Père - Paris, Fayard, p. 32.