C.4.1 Les directeurs : part du cadre institutionnel

Les changements qui touchent à la structure des institutions déclenchent d’importants mouvements de violence et entraînent (la plupart du temps) une mise en crise de l’institution. La violence qui se trouvait précédemment liée dans/par le cadre institutionnel (dans les liens entre les sujets, dans l’organisation et dans la structure) se transforme en attaques meurtrières. Ces débordements procèdent de la «libération» de la violence que les pactes antérieurs avaient stabilisé par une mise au silence d’une part du «négatif».

Si les changements généalogiques sont les archétypes des changements structuraux, les changements de positionnement psychique des directeurs en place (lorsqu’ils sont «suffisamment» importants), entraînent également des désorganisations et déclenchent des mouvements de violence au sein des institutions, même s’ils ne relèvent pas d’une même évidence442. Ces changements ne sauraient entraîner de telles mises en crise, s’ils n’affectaient aussi la structure dans sa configuration psychique, au-delà des seuls aspects organisationnels. Cet aspect nous conduit à considérer la personne même du directeur comme partie intrinsèque du cadre institutionnel, aspect qui demeure habituellement voilé, ou fait l’objet d’un déni consensuel.

Dans son étude sur «l’infrastructure imaginaire des institutions», Paul Fustier (1987) défend la proposition selon laquelle : «‘Les organisateurs psychiques ne remplissent plus leur fonction d’infrastructure pour les échanges institutionnels et deviennent des «désorganisateurs institutionnels» lorsque se produisent des ruptures dans certains constituants du cadre, qui renvoient à une problématique oedipienne’ 443 ‘ »’. Cette perspective permet de considérer les mises en crises liées à des changements de positionnement des directeurs, sans qu’il n’y ait de changement de personnes. De par sa position qui renvoie à une «problématique oedipienne», le directeur est assimilé au cadre institutionnel. Il est une part du cadre mise au silence.

Notes
442.

Nous en verrons une illustration au travers de la situation d’une Maison d’Enfant «Les Terrasses».

443.

Paul Fustier (1987), L’infrastructure imaginaire des institutions. À propos de l’enfance inadaptée - in Kaës R. et alii L’institution, les institutions, Paris, Dunod, p. 142. Le passage hors italique est souligné par l’auteur.