C.5.2 Le filicide inclut le parricide

C.5.2.1 Ouranos, Cronos, Laïos, OEdipe : le refus d’entrer dans la temporalité

D’Ouranos à Cronos, jusqu’à Laïos et OEdipe, le panthéon grec n’a eu de cesse de scander comment le refus d’entrer dans la temporalité et la filiation, précipite la violence à l’égard du «fils» et à l’égard du «père» en retour : entre castration non consentie et meurtre. L’écoulement temporel, la filiation et la limite refusée constituent les ingrédients du drame. En ce sens le filicide engendre le parricide484. C’est dans ce creuset culturel que Freud ira puiser le drame oedipien, cette configuration où la place de l’enfant refusée au sein du couple Laïos et Jocaste, disposera la trame pour le drame à venir485.

Notes
484.

J. Bergeret a abondamment développé cette perspective du primat du filicidenotion filicide notion filicide notion filicide notion filicide notion filicide notion filicide notion filicide notion filicide dans le mythenotion mythe notion mythe notion mythe notion mythe notion mythe notion mythe notion mythe notion mythe d’OEdipenotion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe notion OEdipe , (voir notamment (1984, 2000), La violence fondamentale, Paris, Dunod). Cet auteur extrapole la configuration qu’il décèle dans ce mythe, soit la mise en acte du pouvoir de mort du pèrenotion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère notion dupère , et en arrive à l’hypothèse d’une «violence fondamentale» caractérisée comme «Ou lui, ou moi !». Dans le rapprochement que l’on peut esquisser entre cette dramaturgie qui conduira OEdipe à être «le parricidenotion parricide notion parricide notion parricide notion parricide notion parricide notion parricide notion parricide notion parricide d’un filicide» (J. Bergeret), et le mythe du «Sacrifice d’Abraham«, il nous apparaît que, l’hypothèse de la «violence fondamentale» que propose J. Bergeret pourrait n’être qu’un avatar de l’emprise mortifère : sous la forme d’un non-consentementnotion consentement notion consentement notion consentement notion consentement notion consentement notion consentement notion consentement notion consentement à la générationnotion génération 171notion génération notiongénérationnotiongénérationnotiongénérationnotiongénérationnotiongénérationnotiongénération, et à la finitude, «à ce qui échappe». Nous avons précédemment souligné (à propos d’un mouvement de refusnotion refus notion refus notion refus notion refus notion refus notion refus notion refus notion refus de toute identification à l’autre maternel chez Annie Ernaux), combien la perspective d’une «violence fondamentale» au fondement de toute structuration psychique nous paraît révéler un trait paranoïaque, un troublenotion trouble notion trouble notion trouble notion trouble notion trouble notion trouble notion trouble notion trouble de la filiationnotion filiation notion filiation notion filiation notion filiation notion filiation notion filiation notion filiation notion filiation , et relever du registre de la psychose. Les mouvements d’exclusion radicale dont la psyché de l’enfant est le lieu apparaissent comme liés à la rencontre de la psyché de l’autre maternel (cf. les pictogrammes auxquels ces rencontres donnent lieu P. Aulagnier). Nous ne saurions dès lors reconnaître ce trait comme fondateurnotion fondateur notion fondateur notion fondateur notion fondateur notion fondateur notion fondateur notion fondateur notion fondateur pour l’ensemble des sujets. Ce que nous retrouvons dans le meurtre générationnelnotion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel nous paraît confirmer la présence de ce trait paranoïaque, lors des mises en acte du filicide.

485.

La mise en récit de la mythologie grecque que Jean Pierre Vernant a proposée (1999, L’Univers, les dieux les hommes - Paris, Seuil), permet de revisiter l’émergence du Panthéon grec, comme ce cheminement qui va du chaos à mise en place de l’Olympe, et à la stabilisation du pouvoir, via la captation opérée par Zeus. Du coté des immortels la lutte pour le pouvoir va ainsi être interrompue avec Zeus. Les mortels eux n’auront de cesse de perpétrer le meurtre. En ce sens la tragédie OEdipienne constitue un aboutissement avec la disparition de la lignée des Labdacides.