C.5.2.2 Hypothèses : La violence en acte des directeurs contre la temporalité

Nous avons proposé de caractériser les dynamiques institutionnelles à partir des agirs meurtriers qui se jouent sous les modalités de l’éradication de l’histoire (écrasement, immobilisation, effacement), et de la «disqualification de la professionnalité » ; ceci, soit vis-à-vis de la filiation - ce qui réfère à la figure du «filicide », soit vis-à-vis des ascendants - ce qui réfère alors à celle du «parricide ».

Ces dynamiques procèdent à partir des positions subjectives occupées par les directeurs des institutions et les effets instituants et/ou destructeurs qu’elles opèrent à partir :

  • du rapport que les directeurs entretiennent à l’égard des directions qui les ont précédés et à l’égard des ancêtres et de la fondation (entre refus, emprise, et consentement),

  • du rapport qu’ils entretiennent à l’égard de l’institution comme «objet»,

  • en corrélation avec la configuration dans laquelle le groupe professionnel s’établit à l’égard de ces mêmes «objets»,

  • à la manière dont il s’établit à l’égard de la personne même du garant institutionnel.

Formulons sous forme d’hypothèses, ces mouvements dont la diachronie institutionnelle est le lieu.

La violence que les directeurs mettent en acte se joue massivement sous la forme d’une éviction de l’historicité , selon deux modalité essentielles :

  • Une captation par les fondateurs (et les refondateurs) qui ne permet pas un déploiement ultérieur de l’histoire et agit la violence du meurtre de la filiation (filicide).

  • Une captation par les successeurs dans des configurations institutionnelles que nous désignons comme des «tentations révolutionnaires» soit des tentatives d’instauration d’une «tabula rasa» qui agissent la violence d’une disqualification, d’une négation de l’histoire antérieure. On se trouve alors en présence d’agirs meurtriers qui portent sur les ascendants et la généalogie (parricide).
    • Les fondateurs «confondus» avec leurs objets et le meurtre de la filiation : l’écrasement de l’histoire.
      Certains fondateurs développent une modalité de lien (entre le groupe, l’institution et leur personne) qui ne permet pas un déploiement de la temporalité. Ils se mettent en place d’incarner le «projet identificatoire» (P. Aulagnier), «l’idéal du moi» (freudien),  des professionnels. À l’occasion des départs de ces directeurs-fondateurs, ou lors de changements structuraux (qui empêchent l’illusion groupale et la complétude narcissique de se pérenniser 486 ), la violence des enfermements antérieurs, et celle incluse dans la fondation, font retour et viennent se déployer dans le groupe, attaquant les identifications professionnelles. On peut alors assister à la disqualification meurtrière des directeurs qui sont historiquement en position de successeurs, souvent en position de «directeurs seconds».

    • Les héritiers et la «tentation révolutionnaire» : l’effacement de l’histoire.
      La «tentation révolutionnaire» consiste à déclarer «nulle et non avenue», toute pratique antérieure. Le nouveau directeur se présente comme celui à partir duquel s’instaure une «nouvelle lignée», une nouvelle «légitimité ». À l’identique avec toutes les configurations révolutionnaires, le nouveau disqualifie l’ancien et propose une «révolution culturelle», et un cheminement vers des «lendemains radieux».
      Les disqualifications et les agirs meurtriers portent sur les ancêtres, et le «temps d’avant», le temps des pères.

Notes
486.

René Kaës a souligné l’équivalence entre «utopienotion utopie notion utopie notion utopie notion utopie notion utopie notion utopie notion utopie notion utopie « et «uchronie«. La visée utopique nécessite une négation de la temporalité, et de la séparation, qui renvoie à la castrationnotion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration et fait pièce à la complétude narcissique. (1980), L’idéologienotion idéologie notion idéologie notion idéologie notion idéologie notion idéologie notion idéologie notion idéologie notion idéologie , Études psychanalytiques - Paris, Dunod.