C.6.4.1 La voix du «père» mort

Consentir à la finitude c’est précisément ce qu’un autre créateur d’institution ne parviendra pas à faire, jouant de sa démesure, au delà même de sa propre mort. Dans l’anecdote qui en témoigne, le grotesque le dispute au macabre. Ainsi, à son décès et à l’occasion de la messe mortuaire, en lieu et place d’une oraison funèbre énonçant les mérites du «grand homme», ce que les participants à la cérémonie auront à entendre, sera la voix du mort. Cet homme avait prévu de s’adresser aux vivants par delà son décès, au delà de sa finitude, en un dernier message. Sa volonté fut respectée «à la lettre» par ses héritiers (avec le secours d’une bande magnétique).

Quelques années avant son décès ce fondateur avait fait paraître un texte relatif au travail réalisé par l’institution. Il s’agit d’un écrit à l’allure de testament-projet qui témoigne d’une véritable confusion temporelle. Nous plaçons ce texte en annexe513 afin de fournir encore un peu de relief à cette perspective d’omnipotence et d’immortalité qui vient confusionner les créateurs et signe le vacillement mégalomane. De tels fondateurs d’institution se mettent en place de refaire le monde depuis le microcosme où ils exercent leur pouvoir souverain. Le texte énonce en clair la visée d’emprise sur la temporalité et sur les «usagers» de l’institution où «règne» ce médecin-directeur-fondateur.

Notes
513.

P. Stagnara (1980), Réflexions sur la réadaptation fonctionnelle - in Annales de Médecine Physique, T. XXIII, n 1, p.57-70. Le texte en son intégralité figure en annexe.