C.7.1.1 Le pouvoir et l’envahissement fantasmatiques

Ces dernières menaces énoncent crûment l’envahissement fantasmatique dans lequel s’englue ce directeur, sans parvenir à trouver d’opposition à sa puissance phallique. Il semble qu’à ce moment-là ne se soit trouvé aucun groupe à même de faire barrage à sa «folie d’emprise» et à la puissance de mort mobilisée. Une rumeur s’est alors mise à circuler dans l’établissement attribuant au pouvoir de mort de ce directeur un accident cardio-vasculaire survenu à l’un des responsables syndicaux. La puissance imaginaire du tyran est alors validée dans le fantasme des personnels : il est en capacité de porter la mort dans le corps des professionnels.

Ce que ce tyran zélé dit explicitement de son pouvoir de mort, concerne, bien entendu, le pouvoir de nomination dans le contexte de l’établissement qu’il dirige. Il est donc question des différentes attributions de postes, et ce pouvoir est donc toujours contingent au regard du droit du travail. Or ces propos sont entendus par le groupe non pas du côté des rôles professionnels, mais bien comme contrainte et meurtre sur les sujets - la profession n’est plus pensée dans un écart, mais vaut ici comme identité en soi. La pensée est mise hors-jeu. Dans une telle mise en scène un seul est habilité à penser, et s’y emploie transformant toutes les capacités de penser des différents personnels en force de travail, au service de «son projet d’établissement». Les résonances que les stupéfiantes menaces de mort proférées trouvent dans la psyché groupale témoignent clairement des équivalences imaginaires entre les évictions qui ont cours dans le champ institutionnel, et les menaces vitales, telles qu’un tyran est à même de les faire peser sur un groupe social. - Ces dynamiques de meurtre trouvent d’autant plus d’échos qu’elles concernent des personnes occupant des postes à responsabilité, soit des postes pour lesquels elles ont eu elles-mêmes à jouer de la rivalité, et donc à s’approcher de fantasmes d’évictions, voire de meurtres professionnels des autres candidats à ces postes ; les enjeux oedipiens, et leurs lots de violences sont alors saillants.