C.7.4.3 Éviction du directeur et place du méta-organisateur oedipien

Suite au renvoi du directeur, le groupe des enseignants va se retrouver aux prises avec la tentation de conserver, en la déplaçant, la charge d’excitation incestuelle. Ces enseignants se tenaient à l’égard des agissements de Monsieur «C» dans une position de secret, position qui génère une certaine excitation - ainsi que le souligne A. Eiguer : «le secret est excitant» (1997540). Le mode confusionnel antérieur (directeur - institution - étudiants [mis en place d’«objets» phalliques et narcissiques»]) peut être potentiellement conservé en s’arrogeant la place du «meurtrier du père » (parricide). Plusieurs enseignants énonceront : « ‘Nous sommes désormais les tueurs de directeurs !’». À l’occasion de l’éviction de Monsieur «C», le temps de déliaison de la configuration groupale (et des pactes qui la soutenaient) que doit affronter le groupe, se révèle être un passage particulièrement délicat. La tentation est intense de demeurer dans une négation du méta-organisateur oedipien en tant qu’instance garante de la loi, et garante d’une différence. Prétendre s’identifier comme «les meurtriers», c’est tenter de s’arroger le privilège d’énoncer la loi (alors même que cette identification se propose «au nom de la loi», dans la dénonciation de la transgression). La disqualification de celui qui réfère à une place parentale propulse les enseignants dans une place analogue à celle qu’ils s’efforçaient de quitter. Au travers de ses agissements le directeur ayant fourni la preuve de la toxicité de sa position, la tentation consiste alors à attaquer la place même de garant, en se donnant à croire que du fait que celui qui l’occupait a jeté le discrédit sur cette place, elle ne «compte» pour rien - en quoi la fondation, son contexte de contestation soixante-huitiste de l’autorité, et les fantasmes qui ont présidé à la fondation et à la mise en oeuvre du projet, sont toujours à même de refaire surface durant les temps de crise.

Lors de la mise en place de l’intervention, un contrat initial avait été passé avec les membres du bureau du conseil d’administration (C.A.). Ce dernier stipulait que si des éléments institutionnels se révélaient nécessiter leur présence, celle-ci serait requise. C’est ce qui fut fait. C’est donc bien l’administrateur délégué qui énoncera la position du C.A. à l’égard du directeur, et qui prononcera son exclusion. Cette intervention peut être entendue comme une tentative d’interdire au groupe d’enseignants de basculer dans le fantasme de l’inversion confusionnante des générations, et comme restauration (partielle) d’une instance en place de méta-organisateur oedipien. S’il existe une instance «décisionnaire» qui «décide», le groupe est «a minima» protégé de la confusion imaginaire que c’est lui qui agit l’exclusion légale. La réalité de cette présence des membres du bureau du C.A. peut faire barrage à une migration du fantasme du rapt. Il s’agit ici du rapt de la loi, qui met une nouvelle fois en péril la différenciation générationnelle. Si les enseignants donnent prise et donnent foi au fantasme qu’ils ont accompli un parricide, ils actualisent alors à nouveau un «dérangement générationnel ». L’intervention du C.A. donne à entendre au groupe qu’un autre que lui est représentant et garant de la loi, que d’autres sont en place de leur interdire la confusion, et qu’ils sont eux-mêmes soumis à la loi.

Notes
540.

Alberto Eiguer (1997), La part maudite de l’héritagenotion héritage notion héritage notion héritage notion héritage notion héritage notion héritage notion héritage notion héritage - in Eiguer A. et alii : Le générationnelnotion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel notion générationnel , Paris Dunod, p. 14- 68.