C.8.1 Passages générationnels et changements structuraux

«‘De quel désir sa naissance a été l’aboutissement, quels projets ces «désirants» espéraient réaliser par sa venue au monde’». C’est la mise en route d’une telle interrogation qui conditionne l’émergence d’une capacité de symbolisation pour le «Je», et enclenche le mouvement d’appropriation subjectivante de son histoire (P. Aulagnier 1984543). Chemin faisant le «Je» va progressivement rencontrer les différentes énigmes fondatrices, et se constituer dans un rapport aux différences structurantes. Les propos tenus par ceux qui sont «déjà là» sont interprétés, «décodés» par l’enfant comme «un récit» lui permettant de savoir s’il est une place où il a été désiré et s’il en est une où il est désiré ? Ces interrogations sur le désir, n’ont de cesse d’être réitérées par tout «Je» à l’occasion de son arrivée au sein d’un groupe constitué, préexistant à sa venue. Les nouveaux arrivants au sein d’une institution sont amenés à se confronter à ces énigmes. Qu’en est-il du désir des personnes qui les recrutent, de ces «autres» qui lui permettent de participer à un projet en cours ? Et plus précisément : «Qu’espèrent-ils réaliser» au travers la convocation des «nouveaux» sur une scène institutionnelle spécifique? L’arrivée dans une institution convoque ainsi irrésistiblement des questionnements régressifs, tout «Je» devant s’assurer d’une nouvelle stabilité de son assise narcissique lors de ces temps de passage et de remaniements dans les identifications. Or une telle assise suppose une confirmation par «l’autre», ces préexistants à sa venue.

Notes
543.

Piera Aulagnier (1984), L’apprenti historien et le maître sorcier - Paris, Puf, p. 206. Il est dans ce passage question de la naissance du «Je».