C.10.1.1 La déliaison mortifère ou vivifiante

La violence destructrice et meurtrière qui ressurgit à l’occasion des changements généalogiques et au travers des inévitables déliaisons qui se produisent alors, se trouve potentialisée ou amortie dans son pouvoir mortifère selon les modalités de rapport à l’histoire et à l’institution (en tant qu’«objet») que les différents directeurs développent - corrélativement à la dynamique de l’ensemble du groupe des professionnels. C’est l’emprise sur l’histoire (son écrasement, son effacement) qui potentialise les aspects mortifères de la déliaison.

L’accent que nous avons mis tout au long de ces pages sur ces aspects mortifères du processus de déliaison ne doit pas occulter la potentialité vivifiante de ce même processus de déliaison, et le fait qu’il est aussi au service d’Éros, au travers de la régénération des formes, et du remaniement des liens qu’il suppose.

Eugène Enriquez587 conditionne le passage d’une déliaison mortifère à une déliaison vivifiante, à la capacité auto-réflexive des groupes institutionnels. Si nous nous accordons à cette perspective, nous avons souligné toutefois la corrélation entre la capacité de mise en pensée et les arrimages symboliques. Il y a en effet un risque dans la mise en pensée, notamment celui d’y rencontrer les parts qui font l’objet d’une méconnaissance-jouissance, mais aussi celui de se trouver aux prises avec une dés-idéalisation et le mouvement dépressif qui lui est corrélé, (notamment au travers de la nécessité d’avoir à prendre en compte la part de masochisme [où s’arrime la jouissance] qui préside au tricotage pulsionnel [B. Rosenberg]. Le passage de l’aspect mortifère à l’aspect vivifiant nous paraît à même de se dessiner à partir de la figure du référant institutionnel lorsque celui-ci a fait la preuve qu’il «tient», et simultanément qu’il a fourni le témoignage de son abstinence à l’égard de son pouvoir de mort - en écho à la figure mythique d’Abraham588.

Notes
587.

«Le travail de la mort en tant qu’il délie ce qui est trop fortement lié et qui est devenu résistance compacte, qu’il brise les identités défensives, qu’il secoue les structures établies, qu’il empêche la fixité, oblige l’organisation à identifier ses problèmes, à essayer de les traiter, à exiger de ses membres des conduites nouvelles. La mort favorise alors la déstructuration-restructuration, l’auto-organisation, l’ouverture du système. Elle favorise la naissance de nouvelles représentations et d’un autre univers symboliquenotion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique notion symbolique .

Le travail de la mort, en tant qu’il remet en cause les fausses identités, ouvre sur la vie. Mais (...) il aboutit bien souvent à la destruction et à l’homogénéisation. Seules les organisations capables de prendre conscience et d’analyser son oeuvre seront en mesure de minimiser de telles conséquences, et de ne pas donner à la pulsion de mortnotion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort notion pulsiondemort , dans ses aspects négatifs, tout l’espace à occuper.» (Eugène Enriquez (1992), L’Organisation en analyse - Paris, PUF, p.144-145).

588.

Nous trouvons sous la plume de B. Penot l’indication d’un mouvement équivalent «La reconnaissancenotion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance notion reconnaissance du manquenotion manque notion manque notion manque notion manque notion manque notion manque notion manque notion manque parental est au principe de toute symbolisationnotion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation notion symbolisation réussie» (Bernard Penot [1991], La psychose subjectivée ? – in Adolescence Tome 9, n°2 Avatars de la subjectivationnotion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation , Paris, Éditions GREUPP, p. 229).