6.2 - Personnalité des handicapés

Mais en revenant en deçà de nos propos ambitieux retournons sur notre expérience quotidienne. Chacun de nous connaît parmi les handicapés quoi nous ont fait confiance, des personnalités remarquables. Avec des infirmités flagrantes, des corps pitoyables, des fonctions détériorées, ils nous offrent des exemples d’humanité rayonnante. Il est même fréquent que de très grands handicapés atteignent des dimensions spirituelles admirables (...).

Par contre une demoiselle de bonne famille en parfaite santé, qui réussit bien dans ses études et a beaucoup de succès auprès de ses admirateurs, peut se trouver très malheureuse parce que le mauvais temps ne lui a pas permis d’amortir son forfait des remontées mécaniques pour le ski. A la limite elle risque d’être plus infirme dans sa relation avec le monde, d’autant plus qu’elle n’a aucune raison valable d’être malheureuse.

Au contraire, celle qui ont combattu contre l’adversité savent ce que survivre et vivre veulent dire. Dans une mesure certaine, ils peuvent trouver là une richesse de personnalité qu’aucune indemnité ne pourrait remplacer.

Aux travers des épreuves et des adversités ils ont parcouru cet itinéraire vers l’autonomie, ils se sont construits eux-mêmes, ils ont été, avec notre aide temporaire, architectes et maçons. Et si je voulais résumer l’itinéraire de la reconstruction de soi-même que cela représente, j’emprunterais volontiers à Saint Augustin la proposition qu’il nous donne dans son commentaire de l’épître de saint Jean, non pas «Ama et fac quod vis ...» comme on le cite habituellement mais, selon la sentence originale, dans toute sa force percutante : Dilige (choisis) et quod vis (et ce que tu veux) Fac (fais-le)».

Travail du
Centre de Réadaptation Fonctionnel des Massues.
Lyon.