Dans cette première catégorie, nous pouvons distinguer plusieurs sous-ensembles selon le milieu auquel s’applique la règle édictée. Les différents groupes sont les règles monastiques, les règlements religieux séculiers et les règlements civils que sont en particulier les chartes de franchise. Cette dernière catégorie témoigne du sentiment des habitants par rapport aux cloches.
Les règles monastiques sont parmi les plus anciennes sources qui évoquent les cloches. Dès le Haut Moyen Age, au VIe siècle, nous trouvons des éléments intéressants dans La Règle du Maître, éditée par Adalbert de Vogüé en 1964 : Sources Chrétiennes, numéros 104 à 106. Cette règle est sans doute d’origine campanienne, une région possible d’apparition des cloches. Au VIIIe-IXe siècle, la règle et la vie de Benoît d’Aniane contiennent plusieurs extraits qui concernent les cloches 25 .
Plus tard, ce sont les textes religieux séculiers et les documents civils qui deviennent prépondérants : ainsi, pour les documents réglementaires séculiers, l’un des plus anciens, mais également le plus intéressant, est celui qui concerne le diocèse de Mende. Il s’agit du Rational de Guillaume Durand 26 évêque de Mende (fin du XIIIe siècle).
On peut encore ajouter quelques textes rituels qui nous décrivent des cérémonies liées aux cloches. Ainsi, au début du VIIIe siècle, le Liber Ordinum (mentionné dans CABROL, 1914 sans références détaillées) contient le premier rituel connu de « baptême » des cloches, intitulé Exorcismus ad consecrandum signum basilice.
Les documents laïcs apparaissent avec le développement d’une conscience politique des habitants des villes. Une des premières mentions se trouve dans la charte communale de Tornac de 1188 27 . Cette riche documentation que constituent les chartes de franchise n’a pu être totalement dépouillée car si les chartes publiées sont très nombreuses, elles sont souvent présentées dans des revues locales d’accès difficile. Les textes modernes sont par contre moins clairs pour décrire l’utilisation des cloches et ses limitations. Ils nous désignent le plus souvent simplement des utilisations quotidiennes en nous précisant que les cloches sont sonnées en tintement ou en volée. Ils ne nous précisent pas particulièrement les rythmes de sonnerie des cloches. Le grand mouvement réglementaire qu’est le mouvement des franchises est en effet alors terminé et les seuls éléments qui peuvent alors apparaître sont des procès liés à des utilisations abusives des cloches. Dans le manuel de Du Cange, on trouve, extrait des Acta manuscripta capitis Paris, la mention tant de cloches que de carillons.
Nous avons utilisé l’édition de Cassan et Meynial : Cartulaires des abbayes d’Aniane et de Gellone, volume Cartulaire d’Aniane.
Mentionné dans GAY, Glossaire archéologique du Moyen Age et de la Renaissance, 1887.
Publié dans DELABORDE, Actes de Philippe Auguste cité dans DU CANGE, 1886.