Parmi les fondeurs, il semble intéressant de se pencher un peu plus en détail sur l’un d’eux et sur sa vie. Membre d’une dynastie qui a fondu des cloches durant environ 150 ans 61 , Ferdinand Farnier a accumulé de nombreuses données concernant les cloches anciennes et les fondeurs de cloches. Ferdinand était non seulement un fondeur soucieux de préserver la trace du patrimoine mais également un fondeur très sensible à l’histoire des techniques et qui a réfléchi sur les techniques utilisées et leur évolution. Sa famille est l’une de ces très nombreuses dynasties de fondeurs du Bassigny qui, avant de devenir sédentaire, ont parcouru toute la France. Elle ne semble pas ou très peu avoir constitué un groupe itinérant. La famille n’est pas restée uniquement fixée dans le Bassigny : certains cousins sont allés exercer leur métier de fondeur à Dijon.
Ferdinand Claude Adolphe Farnier est né en 1849 à Mont devant Sassey (88) et mort en 1924 à Robécourt (88). Il avait en effet transféré la fonderie de sa localité de naissance vers Robécourt vers 1900 où il a établi une usine toujours visible et visitable. Cette fonderie dont l’activité a cessé en 1939 fut la dernière du Bassigny en activité et sa famille, la dernière de cette région à exercer cette activité 62 . Son activité de fondeur a débuté en 1877 et s’est terminée avec la première guerre mondiale en 1914. Par ses fonctions, il fut amené à effectuer de nombreux relevés sur des cloches qui ont été détruites à cette période. Il a également accumulé de nombreuses données techniques. Il a ainsi racheté au dernier des Cavillier ayant exercé le métier de fondeur le manuscrit de la Nouvelle Pyrotechnie de Philippe II Cavillier que nous présentons en annexe I, ainsi que le manuscrit de l’Œuvre Campanale 63 du même Philippe II Cavillier, exemplaire le plus récent qui date de 1740. Il a de plus fait recopier par ses secrétaires des ouvrages très rares dont un dictionnaire de l’argot des fondeurs de cloches qu’il a sans doute en partie compilé. Grand ami de Joseph Berthelé 64 , il a ainsi contribué au premier essor de la campanologie en France.
La première fonte effectuée par un de ces ancêtres remonte à l’année 1772, par Jean-François Farnier et la dernière fut effectuée en 1939 par Georges, fils de Ferdinand. Nous ne prenons ici en compte que les activités de l’ascendance et de la descendance directe de Ferdinand Farnier.
Si toutefois l’on excepte la famille Bollée, originaire du Bassigny mais installée depuis le milieu du XIXe siècle à Orléans puis St Jean de Braye.
Les deux manuscrits sont actuellement la propriété de descendants de Ferdinand Farnier et sont toujours conservés dans le village de Robécourt. Ces deux manuscrits décrivent la fabrication des cloches.
Ils échangèrent de nombreux courriers.