1.4.2.1. Les inventaires campanaires

A l’issue des grands travaux qui ont été menés par Berthelé et autour de lui, la campanologie française a connu un certain sommeil. Quelques études ont été faites dès le lendemain de la guerre mais il faut attendre les années 1960 pour vraiment parler d’une renaissance de la campanologie française. De plus, ces travaux sont moins centrés autour d’un seul homme, ce qui leur permet de se poursuivre au-delà de la disparition de ceux qui ont contribué à cette renaissance. En France, les inventaires sont généralement le fait de bénévoles et la situation est très variable d’un département à l’autre, voire d’un canton à l’autre.

Dans le reste de l’Europe, le développement important des travaux de campanologie date également du lendemain de la seconde guerre mondiale et la situation des recherches est très variable d’un pays à l’autre. En Allemagne, les inventaires campanaires sont le fait d’une association nationale, le Beratungsausschub fur das Deutsche Glockenwesen (association pour l’étude des cloches allemandes) qui bénéficie d’un important soutien financier de l’état. Elle a publié ces inventaires dans une collection nationale et a également réalisé une synthèse nationale sous la direction du docteur Kurt Kramer (BERATUNGSAUSSCHUB, 1986).

Nous n’avons pas pu consulter d’autres inventaires nationaux de cloches anciennes. Les recherches en Suisse avaient été largement débutées par Claude Graber mais son décès prématuré lors d’une visite de clocher a rendu impossible la publication de ses travaux.

La Belgique et les Pays-Bas sont dans une situation un peu particulière puisqu’une large partie de leur patrimoine campanaire est très connue et très utilisée : les carillons. Mais ce patrimoine n’a pas fait l’objet de publications importantes. De même, en Angleterre où le patrimoine campanaire est très utilisé et donc entretenu très régulièrement (pour le change-ringing), ce patrimoine n’est que très peu connu. Pour les pays d’Europe du Sud (Espagne, Portugal et Italie), la situation est très proche, les études générales étant inexistantes et les inventaires étant encore moins avancés qu’en France.

En France, dans les années 1960, des travaux campanaires paraissent de nouveau, principalement dans le Sud de la France : ce sont pour l’Hérault, les travaux de l’abbé Jean Giry et de Jean Nougaret et pour les Pyrénées-Orientales, les premiers articles de Louis Ausseil, actuellement titulaire avec Laurent Pie et Elizabeth Graves-Vitu du carillon de la cathédrale St Jean Baptiste de Perpignan 65 .

Dans les années 1970 apparaît la première association fédérant les personnes travaillant sur les cloches ou passionnées par ce domaine. Ils sont principalement axés sur les inventaires des cloches anciennes encore existantes et sur un développement des relations avec les fondeurs encore en exercice pour essayer de les aider à maintenir leur activité tout en protégeant le patrimoine existant.

Les travaux d’inventaire sont actuellement menés dans le cadre de la Société Française de Campanologie ou en périphérie avec son soutien comme les inventaires actuellement menés dans les Landes (Vincent Matéos), le Maine et Loire 66 (Thierry Buron) ou il y a quelques années dans le Puy de Dôme (Bernard Craplet : ALEIL et CRAPLET, 1995). Ce dernier inventaire est l’un des plus complets qui ait été réalisé et sa publication est de bonne qualité. Il a été une base importante pour la constitution de notre corpus, complétant largement l’inventaire des monuments historiques. Cela explique la relative abondance de cloches dans ce département.

Pour l’Hérault, à la suite des travaux de Joseph Berthelé, il faut signaler l’inventaire très complet de l’abbé Jean Giry (GIRY, 1970).

Les travaux de Louis Ausseil, relativement dispersés dans des petites revues assez difficiles à localiser, ont été regroupés ainsi que ceux des autres personnes travaillant sur la région (Henri Darasse, Laurent Pie, Jean Pierre Carme, Claude Seyte…) dans l’ouvrage Chants des cloches, Voix de la Terre publié en 2000 (DARASSE et PIE, 2000). Cet ouvrage propose un axe de présentation particulier qui n’est pas une présentation de toutes les cloches de la région Languedoc-Roussillon mais plutôt des carillons 67 ou ensembles campanaires permettant de jouer des mélodies sans s’arrêter véritablement aux détails de chaque cloche. Cet ouvrage montre un intérêt dominant pour l’aspect musical de la campanologie. Dans le cadre de l’inventaire national des cloches et ensembles campanaires 68 , d’autres ouvrages ont été publiés : COLLECTIF, 1997 et GUERITEY, 1994. Ces deux ouvrages comme celui que nous avons présenté s’intéressent plutôt aux carillons qu’aux cloches en tant qu’objet isolé. Ce sont donc des inventaires partiels mais néanmoins fort utiles pour comprendre l’intérêt des cloches et de la recherche dans ce domaine.

Notes
65.

Pour une bibliographie complète des travaux campanaires en Languedoc-Roussillon, voir DARASSE et PIE, 2000.

66.

Ces deux derniers inventaires sont encore en cours et ne sont donc pas encore publiés.

67.

Pour la définition précise de ce terme, voir annexe VIII.

68.

Une des missions de l’inventaire, principalement effectuée par des bénévoles ou de rare personnes salariées par les conseils généraux.