1.4.2.3.4 Les fours métallurgiques

Les fours de coulée, second type de structure importante découverte lors de la fouille de structures campanaires, sont rarement conservés. Il s’agit en effet d’aménagements se développant principalement au-dessus du sol et détruits à l’issue de leur utilisation. Cependant, le cendrier, fosse destinée à recevoir les cendres, peut être encore conservé. A St Urnel (GIOT et MONNIER, 1978 ; structure datée des environs de 1060 80 ), la fouille a livré les vestiges du four de fusion conservé sur environ 75cm de hauteur. Au vu du descriptif, il semble correspondre à un four à creuset : un ou plusieurs creusets devaient être disposés au-dessus du foyer, permettant la coulée sans recourir à un chenal mais en déplaçant simplement le creuset contenant le métal en fusion. Cette méthode ne convient qu’à des cloches de taille limitée.

Sur le site de Lugano (DONATI, 1981), des vestiges du four ont également été découverts, permettant une restitution complète de l’atelier (voir fig. 8). Ce four comprend deux chambres différentes comme dans un four de réverbère (voir fig. 19). Elles sont ici superposées : la chambre du métal se trouve au niveau du sol, voire un peu au-dessus, et la chambre de chauffe se trouve située en dessous et a donc été conservée. Il s’agit donc d’une adaptation du four de réverbère. Cette structure du milieu du XVIIe siècle rappelle la structure plus tardive (XVIIIe siècle) découverte dans les fouilles de St Germain d’Auxerre 81 . Malgré le caractère massif de cette installation, il ne s’agit pas d’une fonderie permanente mais bien d’une fonderie établie pour la réalisation d’une seule cloche.

En résumé, les publications de structures campanaires ont de notre point de vue des intérêts très variables. Ainsi, les études et publications anglaises sont les plus complètes et les plus intéressantes : elles fournissent généralement un inventaire assez complet des fragments de moule 82 et proposent dans la mesure du possible une restitution du profil. Les études françaises concernent les mêmes axes de travaux alors que les études allemandes privilégient souvent les seules données de terrain, ce qui en fait donc des études assez partielles. Des études complètes ont cependant été menées sur certains sites très importants d’Allemagne (DRESCHER, 1999). Globalement, les études les plus complètes sont axées principalement sur une étude stylistique et des techniques de fabrication du ou des moules mais il manque toujours ou presque des analyses métallurgiques qui nous permettraient de connaître les alliages utilisés. Il est regrettable que les études de la composition métallique des cloches ne soient pas suffisamment prises en compte. La composition entre pour une large part dans les éléments déterminant les qualités sonores de l’objet. De même, à partir de certaines données et moyennant des précautions sur les méthodes et leurs résultats, il serait possible d’envisager une restitution sonore qui n’est jamais proposée.

L’histoire de la campanologie française mais aussi européenne reste donc encore à faire, en particulier en compilant l’ensemble des articles disséminés dans les nombreuses revues de sociétés savantes. Une telle tâche permettrait sans doute de voir l’évolution de la perception des cloches dans la vie quotidienne des gens. Malheureusement, il n’existe pas pour l’heure d’équipe fédérant ces activités.

Notes
80.

Datation radiocarbone GIF-3079.

81.

Cette structure n’est pas détaillée ici car elle est trop tardive. De plus, il est possible qu’elle corresponde à la fonte d’un canon.

82.

Souvent, les fragments décoratifs…