Il faut préciser tout d’abord que les lieux où se trouvent actuellement les cloches 87 ne sont généralement pas les lieux d’origine. Ainsi, la seule cloche de cette époque qui est encore utilisée 88 , celle de Géhée (36), est disposée dans un clocher datant du XIXe siècle… La cloche du Puy-en-Velay (43) était jusqu’en 1999 en place dans un petit bâti en façade d’un bâtiment plus récent 89 . La position originelle d’installation n’est donc pas connue. La représentation de cloche qui se trouve dans le manuscrit de Boulogne (ms. 20, folio 2) est une représentation hors clocher. Nous ne voyons que la cloche sans aucun équipement. Cependant, la vue du battant sans bélière inférieure pour y attacher une corde nous indique clairement que pour l’auteur de cet ouvrage, une cloche est équipée d’un battant 90 sans lien pour l’agiter. Elle doit donc être sonnée en volée.
Les traces d’usure que nous pouvons observer sur les cloches anciennes, en particulier celles de bronze (Fleury, Géhée et Le Puy-en-Velay), datent de toutes les périodes d’utilisation, c’est-à-dire de la date de fonte jusqu’à aujourd’hui. Aucune des trois cloches en question ne semble avoir été restaurée, au moins dans les périodes récentes 91 . Nous ne voyons pas de traces différentes de celles laissées par les utilisations actuelles sur les cloches de Géhée et du Puy-en-Velay. Ainsi, il n’y a pas de traces d’une sonnerie en tintement extérieur. De ce fait, nous pouvons dire que les cloches les plus récentes du Haut Moyen Age étaient sonnées en volée, sans doute simple.
Par contre 92 , les traces d’usure que nous avons pu observer sur la cloche de St Benoît sur Loire sont très instructives pour comprendre les systèmes de suspension et de mise en mouvement des cloches mérovingiennes ou carolingiennes. En effet, cette cloche a été enfouie au milieu du Xe siècle 93 et ses traces d’usure sont donc antérieures. Ces systèmes de suspension sont du type de ceux mentionnés dans la règle de saint Benoît. La cloche de Fleury est usée en deux endroits :
Compte tenu de ces traces, il est probable que le balancement et donc la sonnerie de la cloche s’effectuait de la façon suivante : la cloche était suspendue à une poutre ronde de faible section passant dans le gros anneau central des anses. Une corde était attachée à chacun des joncs secondaires et ces cordes se croisaient en passant dans la gorge de la grande anse 94 . Ceci permettait d’imprimer un mouvement de rotation malgré le très fort coefficient de frottement qui rendait très délicat voire impossible le maintien d’un mouvement. Il fallait donc tirer sur les cordes une fois pour émettre un son. Cette technique de sonnerie incompatible avec des cloches de plus grande dimension 95 a sans doute été très rapidement abandonnée lorsque les dimensions des cloches ont augmenté.
Lorsqu’elles sont encore en place ou que l’on sait où elles étaient utilisées.
Se trouvant dans un clocher non électrifié, elle est utilisée de manière occasionnelle et son usure ne nécessite pas de dépose.
Pour le détail de l’étude de ce bâtiment, voir GALLAND, 2000.
Qu’il appelle la langue.
La cloche du Puy est d’ailleurs largement fêlée, ce qui la rend inutilisable.
Les paragraphes dont l’interligne est plus faible sont des paragraphes uniquement descriptif qui peuvent être évités sans nuire à la compréhension générale de la réflexion.
BERLAND, 1975.
Cette technique est celle qui est décrite par Berland d’après l’observation de cette même cloche (BERLAND, 1975).
Pour mémoire, cette cloche pèse actuellement environ 9,6kg.