Pour la composition sonore des cloches de l’époque romane, nous disposons de l’analyse sonore de la seule cloche 1 de Vernet les Bains (66) 203 . Le mode de suspension et le mode de sonnerie ne nous permettent pas toujours de capter le son complet et donc de réaliser une analyse complète.
Seule la principale peut être identifiée. Il s’agit d’un sol#5 émis à une fréquence de 813Hz (cf. tableau 12), soit 18Hz sous la fréquence normale actuelle de cette note 204 . L’écart par rapport à cette normale est donc tout à fait acceptable dans nos normes actuelles puisque, selon les normes de Limbourg 205 régissant les qualités sonores des cloches, elle rentre juste dans les limites acceptables avec un écart de six seizième de demi-ton 206 . Pour avoir une idée de la position de l’octave supérieure 207 , on peut se pencher sur le rapport Ds/D. Il vaut dans ce cas 0,67, c’est-à-dire une valeur très élevée par rapport aux normes actuelles. Cependant, elle est tout à fait dans les limites de ce que nous avons pu observer pour les moules découverts lors des fouilles archéologiques. Dans ce cas, la note supérieure serait un ré#6, c’est-à-dire notoirement plus grave que ce que l’on attend d’une cloche moderne et en aucun cas l’octave supérieure.
Il faut relativiser les conclusions présentées ici dans la mesure où elles ne reposent que sur l’étude d’une cloche. A priori, le spectre sonore de la cloche romane est donc un spectre plus resserré que celui de la cloche contemporaine, en particulier pour les notes les plus aiguës. Par sa composition sonore 208 , on se rapproche de la composition sonore des ensembles constitués de plusieurs cloches avec l’utilisation dominante de la quarte et de la quinte qui est une figure classique de la musique médiévale. La composition sonore de cette cloche reflète donc les pratiques musicales médiévales. On peut dire que le profil spécifique de l’époque romane dit en pain de sucre répond aux habitudes et aux goûts musicaux. Les partiels semblent donc maîtrisés au moins partiellement par les fondeurs dont la technique de tracé du profil est déjà théorisée.
Les autres cloches de cette époque que nous avons étudiées sont fêlées et leur analyse sonore n’est donc pas possible.
Pour la4=440Hz.
Information Régis Singer.
Maximum toléré pour la note principale.
Ce partiel est également baptisé nominale. C’est en fait la note la plus élevée émise par la cloche.
La note supérieure est assez grave.