2.2.1.3 Utilisation des cloches durant l’époque romane : le maintien des usages traditionnels

Pour la période romane, un nombre important de représentations de clocher et donc de sonnerie sont connues. Au vu de ces exemples, la sonnerie en volée simple et non rétrolancée 218 reste la règle. Les autres techniques comme le tintement ne sont que rarement mentionnées, pour des clochettes plus que pour des cloches. Pour la période gothique, les éléments disponibles semblent également confirmer que cette pratique est encore la plus courante.

Il convient de détailler ici les représentations très courantes (sans doute les plus courantes) de cloches dans la statuaire médiévale. Il s’agit des allégories de Musica 219 , ou du quatrième ton du plain-chant 220 . Sur ces représentations, les personnages ne sonnent pas les cloches en agitant le battant 221 . Il ne s’agit pas de cloches de grande taille mais plutôt de clochettes ou de cloches à main comme celles qui sont encore utilisées par certains ensembles musicaux contemporains comme l’ensemble Deya Marshall. Dans ce cadre, la cloche n’est pas considérée comme un véritable instrument de musique mais plutôt comme un moyen de régler les autres instruments. La cloche est donc considérée comme un diapason, une référence musicale absolue à l’inverse de ce que l’on peut considérer actuellement (voir ALEXANDRE, 2001). Cette idée de la justesse optimale de la cloche s’est maintenue jusqu’au milieu du XIXe siècle quand en 1859 l’Académie décida la mise en place d’une cloche réglée sur un la4 à 435Hz 222 dans la cour du Conservatoire de Musique de Paris pour former l’oreille des élèves. Les représentations de l’allégorie de Musica ou des différents tons de la musique ne sont donc pas des représentations de cloches qu’il faut considérer comme figurant le mode de tintement le plus courant de l’époque. Au vu de différents textes et de différentes représentations, il semble que la pratique la plus courante ait été la sonnerie en volée.

Notes
218.

Ce type de sonnerie s’est sans doute développé assez tardivement pour faciliter la mise en mouvement des cloches de très grande taille qui apparaissent dans la période suivante.

219.

Par exemple sur le portail royal de la cathédrale de Chartres (28) du milieu du XIIe siècle (voir fig. 953) ou la représentation figurant sur un chapiteau de Boscherville (76) de la même période (voir fig. 954).

220.

Comme sur un chapiteau de la nef de la cathédrale St Lazare d’Autun (71) datée de la première moitié du XIIe siècle (voir fig. 955).

221.

Cela est particulièrement clair à Autun.

222.

Norme française d’alors.