2.2.1.3.1 Les modes de sonnerie de la période romane

2.2.1.3.1.1 La sonnerie en volée et les modes de suspension dans les textes

Quelques éléments textuels nous apportent des précisions concernant les modes de suspension et la disposition des cloches dans les clochers. Il apparaît évident que les cloches étaient sonnées en volée. Aucun texte n’évoque en effet la possibilité d’un tintement simple. Les textes nous permettent également de confirmer le fait que les cloches sont effectivement suspendues dans des clochers qui peuvent parfois être de grande dimension.

Ainsi, dans le Chronicon Centulense rédigé par l’abbé Hariulfe (livre IV, chapitre XI), nous trouvons le texte suivant au sujet d’évènements qui se sont déroulés entre 1045 et 1075 :

‘Hic in Paschae diebus conscendit campanas, ruptum campanae funem volens renodare… (LOT, 1894, p. 197, cité dans MORTET, 1911, p. 126) ’ ‘Dans les jours de Pâques, il monta aux cloches, voulant renouer la corde rompue de la cloche…’

L’événement marquant est ici la rupture de la corde de la cloche. La réparation envisagée se limite à renouer la corde et non à la changer. La cloche ainsi balancée doit donc être de taille limitée sans quoi la simple réparation envisagée serait insuffisante : la corde se briserait de nouveau à la première traction. Il est certain que cette cloche était sonnée en volée.

A la même époque, vers 1061, le Tractatus de ecclesia sancti Petri Aldenburgensi 223 nous décrit un vaste clocher qui peut comprendre de nombreuses cloches :

‘Post initium constructionis ipsius templi circiter quintum annum, cum presbiterium perfectum esset et culmo coopertum, atque inter trabes ante principale altare campanae pependissent, arcum ante presbiterium a terra usque ad summum virgis sepire ac culmo dependente cooperire ad pluviam et grandinem atque nivem depellendam ante hyemis tempora clerici procurabant. […] sed inter secundam et tertiam trabem super jugum maximae campanae absque ulla corporis laesione leviter in uno latere lapsus est. ( Tractatus de ecclesia sancti Petri Aldenburgensi , édition Helder-Egger, MGH, Scriptores, tome XV, fascicule 2, 1888, pp. 869-871 in MORTET, 1911, p.169-170) ’ ‘Cinq ans environ après le début de la construction de cette église, alors que le sanctuaire était terminé et couvert de chaume, et que les cloches pendaient entre les poutres au-dessus de l’autel principal, les prêtres s’occupèrent d’entourer d’une clôture l’arc situé en avant du sanctuaire jusqu’à la poutre sommitale et de couvrir le tout de chaume pour repousser la pluie, la grêle et la neige avant le temps de l’hiver […] mais entre la deuxième et la troisième poutre au-dessus du joug de la plus grosse des cloches…’

Notes
223.

Oudenbourg se trouve en Flandres, non loin de Bruges.