Le terme de cloche romane repose avant tout sur la chronologie de ces pièces et non sur leur unicité typologique. Les cloches que l’on peut attribuer à la période romane de façon certaine sont assez peu nombreuses. En France, nous n’avons pas à notre disposition de cloches portant réellement une date aussi reculée (XIe ou XIIe siècle). La plus ancienne cloche datée est celle de Fontenailles 273 (14) qui a été réalisée durant l’année 1202. On peut la considérer par certains critères typologiques comme étant encore romane. Douze cloches seulement sont sans doute antérieures au début du XIIIe siècle et nous n’avons pu en observer que trois de près : deux ont disparu depuis les travaux de Berthelé (BERTHELE, 1903 et BERTHELE, 1907) qui les avait repérées et étudiées et une troisième, située dans le clocher-peigne de l’église de Fouqueure (16), n’est pas accessible. Une autre conservée par la S.A.E. 274 est facilement accessible car déposée 275 . La cinquième qui se trouve à Vaumas (03) est fêlée depuis la Libération du fait d’une sonnerie trop vigoureuse mais reste en place dans le clocher. La cloche de Vernet-les-Bains (66, cloche 1 276 , de 81cm de diamètre) est facilement accessible et tinte quotidiennement les heures. Dans l’installation actuelle, elle est fixe mais a été en balancement dans une installation antérieure 277 . Les six autres cloches se trouvent en Allemagne et leur étude a été publiée dans DAS REICH DER SALIER, 1992. Seule la cloche d’Iggensbach porte une date. Elle a été fondue en 1144 278 . Cette date est l’une des plus anciennes qui soit mentionnée dans une inscription campanaire. Les autres cloches intéressantes se trouvent dans les églises de Graitschen (Iena, Thuringe), Auburg-Diepholz (Niedersachsen), Elsdorf (Köthen, Saxe), Theißen, Lindum. Il faudrait également prendre en compte la cloche de la tour Bisdomini de Sienne 279 datée de 1159 (GAY, 1895, p. 395) ou encore la cloche actuellement déposée dans le cloître de la cathédrale de Léon en Espagne (GALLAND, 2000. Voir fig. 929) datée de 1086. Ces deux dernières cloches n’ont pu être relevées en détail 280 .
Dans toute l’Europe, nous ne trouvons pas d’autres cloches datées du XIe siècle en l’état actuel de nos connaissances. Pour renforcer ce corpus, nous avons à notre disposition un grand nombre de structures campanaires 281 fouillées dans différentes régions de France 282 . En effet, au vu de la chronologie des structures campanaires 283 , les cloches se multiplient de façon très importante au XIIe siècle. Il semble que toutes les églises ou presque s’équipent à ce moment ou tout au moins améliorent leur équipement. Cette évolution est sans doute due à une évolution technique majeure et à une modification des goûts musicaux. Un plus grand développement de la société et l’affirmation du modèle social stable, le modèle féodal, autorisent également un tel développement.
Conservée au Musée Baron Gérard à Bayeux. Largement fêlée, elle ne peut plus être utilisée.
Société Annecienne d’Equipement, société d’installation et de rénovation d’ensembles campanaires, collaborant en particulier avec le fondeur Paccard.
Cette cloche n’est pas usée de façon excessive et ne présente aucune fêlure.
Pour mémoire, cette numérotation des cloches est adoptée par facilité et par habitude dans les travaux campanologiques. Les cloches sont dénommées par ordre décroissant de taille. Dans certains cas exceptionnels, il peut y avoir plusieurs cloches de même diamètre que l’on appelle alors 1, 1 bis…
Cela se vérifie par l’observation des traces d’usure.
DAS REICH DER SALIER, 1992, pp. 411-412.
Les cloches d’Italie méritent une étude approfondie. Nombreuses sont les cloches des XIIe et XIIIe siècles qui ne sont pas connues ou inventoriées : Castra (à l’ouest de Florence), Monteriggioni (au nord-ouest de Sienne), Colle di Valle d’Elsa (près de Sienne)… (informations B. Galland)
Pour celle de Léon, nous remercions Bernard Galland de nous avoir fourni ces relevés sommaires.
Une structure campanaire est un atelier temporaire de fondeur généralement établi dans ou autour de l’église pour laquelle il réalise la cloche. Il consiste généralement en une ou plusieurs fosses contenant les moules et éventuellement les vestiges du cendrier du four métallurgique.
Pour des raisons de temps, nous nous sommes principalement penchés sur les structures du Sud-Est de la France que nous avions déjà traitées dans le cadre de notre D.E.A. et nous n’avons pas inventorié en détail celles fouillées dans les autres pays d’Europe.
Les datations reposent généralement sur les données stratigraphiques et rarement sur une datation archéométrique.