Au total, nous connaissons quatorze cloches qui peuvent être rattachées à cette période et dix-neuf ateliers campanaires. Ces ateliers datent pour la plupart du XIIe siècle. Ces structures campanaires ont permis la restitution de quatorze profils situés dans cinq ateliers seulement. En effet, la plupart des ateliers campanaires de cette période sont installés pour permettre la fabrication de plusieurs cloches. Les ensembles réalisés peuvent être considérés comme de véritables « proto-carillons 301 ». Les profils de cloche restitués sont de fiabilité très variable selon la conservation 302 du moule lors de la découverte. Les fragments peuvent être de très petite taille. Dans ce cas, ils ne permettent pas la restitution de profils. Cependant, les profils proposés ici sont tous basés sur des éléments fiables permettant de les restituer sans grand risque. En particulier, l’élément minimal qui nous a autorisé la restitution du profil est la présence de fragments de moule correspondant à la pince et au cerveau. Ces deux éléments permettent une restitution minimale : on connaît ainsi l’angle de la tangente et donc la forme générale en pain de sucre ou autre. En l’absence d’autres éléments, ils ne permettent pas de restituer dans le détail le profil de la panse et la présence ou non de décors.
Les ateliers temporaires de fondeur 303 du XIIe siècle ont souvent livré les vestiges de plusieurs moules. Les fondeurs ont donc réalisé plusieurs cloches plus ou moins simultanément. Le problème de la musicalité de ces cloches est donc important puisque la production de plusieurs cloches 304 permet de réaliser un début de carillon. Sur de tels ensembles, on peut jouer quelques mélodies extrêmement simples 305 . Des petits ensembles de ce type se rencontrent encore très couramment dans le sud de la France. Quatre ateliers temporaires ont servi à la fabrication de plusieurs cloches. Ce sont les sites de Grenoble (fouilles de l’Evêché 306 ), Salaise-sur-Sanne 307 , Saint Symphorien de Buoux 308 et l’église Saint Hermentaire de Draguignan 309 .
Les cloches de l’époque romane étant mieux connues que les cloches du Haut Moyen Age 310 , nous pouvons détailler l’étude en suivant les différentes parties constitutives de la cloche. Ainsi, après avoir noté les aspects de dynamique générale des profils que constituent leurs proportions, nous détaillons les particularités des différentes parties : pince, robe, cerveau et anses. Les décors font également leur apparition et les registres iconographiques les plus couramment utilisés se mettent alors en place.
Au sujet des « proto-carillons », voir en 2.2.1.2 ce qui est consacré à la série de cloches du début du XIIIe siècle découverte à Bethléem (CHENEAU, 1923)
Et le ramassage des vestiges lors de la fouille.
Nous les appelons également structure campanaire.
Trois au maximum sur les cas que nous avons étudiés.
Les airs qui sont joués sur de petits ensembles de trois cloches sont plutôt basés sur des rythmes que sur une mélodie.
Fouilles d’Alain de Montjoye.
Fouilles de Jean-François Reynaud. L’atelier du XIIe siècle est le seul véritablement repris dans le présent travail.
Fouilles de Michel Fixot.
Fouille de Yann Codou.
Elles sont connues en plus grand nombre surtout.