2.2.3.2.4 Une augmentation des capacités des fours métallurgiques

L’augmentation de l’épaisseur des robes est autorisée par une amélioration des techniques de fonderie. Ces techniques sont l’un des facteurs limitant la taille des cloches réalisées. La réalisation de cloches épaisses nécessite en effet de couler de plus grandes quantités de métal. Ainsi, dans sa description de la technique de fabrication, le moine Théophile décrit largement le four de fusion comme une petite structure (voir 2.2.2.1.1) qui ne pouvait pas contenir de grandes quantités de métal. Pour pallier ce manque de capacité, le moine propose la réalisation de plusieurs petits fours de même type sans parler d’une éventuelle augmentation de la capacité du four de base. Par cette limitation volontaire de la taille des fours, le moine Théophile veut sans doute signifier que la montée en température jusqu’au point de fusion du cuivre (1184°C) dans des fours de plus grande capacité n’est pas assurée. Il préfère donc multiplier les petites structures plus faciles à maîtriser et plus faciles à surveiller. Cette multiplication pose néanmoins d’autres problèmes comme la surveillance conjointe de plusieurs fours qu’il faut amener au point de fusion du bronze au même moment ou presque pour permettre une coulée quasi simultanée de tous les fours 371 . Le fondeur doit être beaucoup plus présent ou plutôt avoir recours à des assistants, une personne ne pouvant surveiller qu’un seul four. Quelle que soit l’option retenue pour couler des pièces de grande taille 372 , cette évolution est le témoin d’une amélioration des techniques de fonderie et en particulier d’une diffusion des techniques alors les plus modernes. Il y a sans conteste progrès technique et développement économique qui permet aux communautés 373 d’acheter de plus grandes quantités de métal souvent assez onéreux. De la même façon, la diminution du taux de plomb 374 et l’augmentation de la quantité d’étain montrent que la cloche représente une dépense plus importante pour la communauté, l’étain étant un métal cher. Soit les communautés souhaitent consacrer de plus grandes quantités d’argent à la réalisation d’un objet qui est le rayonnement du village ou du couvent par l’extension de l’émission sonore, soit elles sont plus aisées et peuvent donc consacrer à la réalisation des cloches des sommes plus importantes à part égale de leur budget.

Notes
371.

Si la coulée ne se déroule pas en une seule fois, la cloche ne peut pas être de bonne qualité.

372.

Four de plus grande taille ou plusieurs fours.

373.

Nous ne connaissons généralement pas les commanditaires des cloches. Nous les qualifions de communautés par facilité, sans oublier qu’il peut s’agir de communauté religieuse, de communauté laïque (paysanne ou urbaine) ou de personnes aisées (abbés, seigneurs…).

374.

Métal relativement bon marché.