2.2.4 La décoration des cloches romanes : apparition des programmes iconographiques classiques

Par rapport au corpus utilisé pour étudier les profils des cloches romanes, nous pouvons ajouter quelques cloches que nous n’avons pas pu atteindre mais que Joseph Berthelé a décrit et dont les relevés se trouvent dans ses ouvrages ou dans ses archives personnelles. En particulier, la cloche de l’église de St Julien de Castelnaud (commune de Ceynac et St Julien, 24) est proposée comme datant du XIIIe siècle par Joseph Berthelé (BERTHELE, 1907) mais, au vu des types d’inscriptions, elle peut sans doute être datée un peu antérieurement et en tout état de cause être attribuée à la période romane.

Parallèlement au développement d’un véritable art campanaire dans les formes des cloches, les fondeurs commencent de pratiquer l’ornementation des cloches. Ils développent surtout la réalisation d’inscriptions sur les cloches. En dehors de l’Allemagne, ces inscriptions sont le plus souvent placées sur le haut de la robe immédiatement en dessous du cerveau, y compris sur les cloches disparues dont nous ne pouvons pas restituer véritablement l’inscription. Sur la cloche de Vaumas, la première ligne de l’inscription se trouve sur le cerveau lui-même. Cet emplacement sera très rapidement laissé vierge de toute inscription et de tout décor. Sur les cloches allemandes, les inscriptions se trouvent au milieu de la robe sans que la disposition soit particulièrement soignée. Il convient de noter ici la grande différence entre l’implantation romane des inscriptions 375 et la place qu’occupe l’inscription de la cloche de Canino (Italie) ou celle de la cloche de Léon (Espagne : voir GALLAND, 2000). Cette dernière cloche qui est la plus ancienne portant une date (fin du XIe siècle) est donc très archaïque par son inscription qui est gravée dans la fausse cloche. Lorsqu’elle se trouve uniquement dans la partie basse, l’inscription est donc clairement un témoin de l’ancienneté de la cloche. Deux aspects caractérisent les inscriptions : d’une part la technique de réalisation des lettres ; d’autre part, le message véhiculé par l’inscription. Ces deux éléments sont à étudier de façon conjointe car ils témoignent de différents aspects de la sociologie campanaire ayant trait tant aux fondeurs (technique de réalisation) qu’aux communautés (message de l’inscription).

Notes
375.

Elle sera conservée par la suite.