2.2.4.1 Les techniques de réalisation des inscriptions et décors

La forme des caractères et des décors est fortement influencée par la technique utilisée. En fait, pour cette période, trois techniques coexistent. Seule la dernière se maintiendra ultérieurement.

2.2.4.1.1 La gravure

Sur la cloche de Vaumas (03) ainsi que sur celle de la cathédrale de Léon (Espagne), nous sommes en présence d’une inscription au plein sens du terme. Comme précédemment pour la cloche de Canino, elle a été réalisée en gravant les caractères dans la cire ou le suif de la fausse cloche. En effet, il est certain que les fausses cloches des moules de ces pièces ont été fabriquées entièrement 376 en cire. A la différence d’une fausse cloche en terre, cela autorise la gravure avec un fin stylet. Le style de caractère utilisé sur la cloche de Vaumas est sans doute le plus original de toutes les inscriptions campanaires que nous avons pu observer. Il s’agit en effet d’une véritable écriture manuscrite en lettres onciales. Ce type d’inscription est unique et les vestiges de moules découverts sur les différents sites étudiés n’ont jamais permis d’affirmer qu’une autre cloche ait porté ce type d’inscription. L’absence de vestiges de cette catégorie n’est pas forcément synonyme de sa rareté et peut s’expliquer par la dégradation des vestiges de moule qui ne permet pas de conserver les traces ténues que forme la pointe d’un stylet dans la cire (voir fig. 54). Cette forme de fabrication de l’inscription est directement héritée de l’époque précédente où le seul exemple d’inscription 377 est gravé. Nous n’en retrouvons que très peu dans les cloches postérieures. Les inscriptions gravées post-romanes se rencontrent généralement sur des cloches très récentes 378 et sont très rares. Elles peuvent être réalisées alors à deux moments de la fabrication : soit avant comme dans la technique décrite ici, soit après la coulée en utilisant alors un outil pour tailler le métal. Dans le cas de la cloche de Vaumas, il est certain que l’inscription a été réalisée avant la coulée sur un bandeau de cire en surépaisseur sur la fausse cloche. Ce bandeau est nettement visible sur le profil (cf. fig. 53).

Les décors réalisés selon cette technique demeurent rares, le corpus des formes possibles étant limité par la technique elle-même. Ainsi, nous trouvons très rarement des croix qui sont un héritage du Haut Moyen Age. En effet, nous trouvons de tels croix gravées sur la cloche de Canino (voir 2.1.2.3.2.1 et fig. 926).

Notes
376.

Ou en partie : le bandeau de l’inscription seulement pour celle de Vaumas.

377.

Celle de Canino.

378.

Du XIXe ou XXe siècle.