Le deuxième type d’inscription est réalisé à l’aide de petits filets de cire qui se terminent en volutes. Ils forment des caractères majuscules romains. Ce type de caractères est assez diffusé. Nous le rencontrons sur trois cloches de l’époque romane (Fontenailles, Ceynac et St Julien (église de St Julien de Castelnaud 379 ) et Moissac 380 ), sur le carillon de Bethléem 381 et sur deux profils restitués (Salaise sur Sanne, zone IX et Vagnas).
Les inscriptions réalisées à l’aide de cette technique restent généralement assez peu développées. En particulier, on ne connaît pas d’inscriptions en filets de cire dépassant une ligne. Ce type de caractères se retrouve dans toutes les régions et n’est donc pas un critère de sériation géographique. C’est plutôt un critère qui nous permet de caler chronologiquement ces pièces. Il est clairement caractéristique de l’époque romane. En effet, cette technique n’est que très peu connue avant cette période et n’est qu’occasionnellement utilisée aux débuts de l’époque gothique (voir le cas du moule de Vagnas).
Pour ce type de caractère, il convient de décrire en détail l’inscription de la cloche de l’église de St Julien de Castelnaud (24). Bien que cette cloche soit inaccessible, nous disposons d’un fac-similé publié par Joseph Berthelé et l’abbé Henri Brugière dans leur Exploration campanaire du Périgord (BERTHELE, 1907 ; voir fig. 168). Cette inscription entièrement réalisée en filets de cire terminés par des volutes est l’une des plus longues et contenant le plus de caractères différents qui nous est parvenue. Compte tenu de la formation individuelle de chaque caractère, ils ne sont évidemment pas identiques et ne se ressemblent dans certains cas qu’assez peu. L’aspect général de l’inscription est donc très varié et les volutes sont très nombreuses, beaucoup plus que les véritables extrémités des lettres. Ainsi, dans le cas de la lettre G de MAGDALENA, la barre centrale horizontale est formée d’une seule énorme volute alors que trois autres volutes parsèment le corps de cette lettre qui se terminent en haut par trois autres volutes. De même, les deux lettres M qui sont les initiales de MARIA et de MAGDALENA sont assez différentes. L’initiale de MAGDALENA est tout à fait comparable à un M majuscule capital d’imprimerie alors que la première est très différente. Elle comporte une barre horizontale terminée par deux volutes tournées vers le haut. La dernière lettre intéressante est le P, abréviation de PRO (dans Ora pro nobis). La barre verticale de ce P terminée par des volutes est constituée de trois filets torsadés ensemble. Il s’agit donc d’un exemple unique montrant que les fondeurs avaient une latitude assez importante dans la réalisation et l’ornementation du texte dans la mesure où le texte était respecté. Ce fac-similé nous montre également les filets qui limitent cette inscription. Il s’agit de filets simples torsadés comme pour la lettre P. Ils ont donc été rajoutés à l’issue de la fabrication du moule et n’avaient pas été réservés dans la planche de gabarit 382 . Au vu de la régularité de la torsade, il s’agit sans doute de cordelettes qui ont été appliquées sur la fausse cloche en cire ou plutôt en suif. Les lettres sont nettement formées de filets de cire rapportés l’un après l’autre. Cela autorise dans certains cas leur torsade. De plus, l’inscription a été posée sur un fond qui avait été marqué de croisillons légèrement gravés dans la fausse cloche.
Le cas du moule de cloche de Vagnas (07) daté par le fouilleur du XIVe siècle selon les données de la stratigraphie (LAFORGUE, 1970) est ici à discuter. Il comprend en effet une inscription assez classique pour cette période (XPS VINCIT, XPS REGNAT XPS IMPERAT) qui est réalisée en filets de cires à volutes (voir fig. 619). Ces caractères sont exactement identiques aux caractères utilisés sur la cloche réalisée dans la structure fouillée dans la zone IX de Salaise sur Sanne et datée du XIIe siècle (voir le corpus et fig. 638). La cloche réalisée en Ardèche peut donc être sans doute datée d’une période un peu antérieure. Il faudrait réexaminer les données de la fouille pour éventuellement proposer une réinterprétation de cette chronologie.
Comme la technique précédente, cette technique d’ornementation a permis la production d’un corpus figuratif très limité. Seules des croix ont été rencontrées. Il s’agit généralement de croix grecques (voir fig. 168) qui se terminent par des volutes comme les caractères précédemment décrits. Ces ornementations restent rares.
D’après les archives Berthelé, conservées au musée languedocien à Montpellier et aussi BERTHELE, 1907.
Cette cloche qui porte la date de 1273 est la plus tardive du lot. Cependant, par son type de caractères, elle paraît plus ancienne : elle peut être rattachée à une période romane (très) tardive. Voir VIOLLET-LE-DUC, 1858-1868, p. 284.
CHENEAU, 1923.
Dans l’hypothèse où cette technique aurait été utilisée pour la fabrication de cette cloche.