Presque toutes les cloches portent désormais des inscriptions dont le texte est varié. Si les fragments des différents moules découverts ne livrent que rarement des vestiges d’inscriptions (voir le moule de Salaise-sur-Sanne), ces cloches ont sans doute porté des inscriptions. La disparition de ces inscriptions sur les fragments de moule est due à la dégradation des surfaces fines de ces parties de moule. Les exemples français (Vaumas, Vernet-les-Bains, Fontenailles, S.A.E. et St Julien de Castelnaud) ainsi que la cloche de Léon (GALLAND, 2000) portent tous des inscriptions dédicatoires. Nous qualifions ces inscriptions de religieuses par opposition aux inscriptions non dédicatoires sans formules religieuses. Cependant, dans ce dernier cas, des personnages religieux (moines, abbés…) peuvent être cités.
Ces inscriptions sont de plusieurs types. Les inscriptions de l’époque romane sont encore assez limitées et ne dépassent que rarement une ligne de texte. Cependant, les formes dominantes de programme iconographique se mettent d’ores et déjà en place. Nous en présentons donc ici la typologie. Parmi le corpus des cloches françaises de cette période, seule l’inscription de celle de Vaumas se développe sur deux lignes. Les autres se limitent à une seule ligne avec un texte comprenant généralement de larges abréviations. Ces abréviations prennent généralement la même forme que dans les manuscrits de ces époques. Elles se marquent par des tildes plus ou moins bien formés au-dessus des caractères 385 . Les inscriptions que nous avons en notre possession sont de quatre types différents. Deux types se rencontrent sur la même cloche. En effet, sur ses deux lignes de texte, la cloche de Vaumas (03) comprend deux parties distinctes dans son inscription. Chacune de ces parties occupe une des lignes de texte. En fait, les textes campanaires conservés sur ces cloches sont ceux que l’on rencontrera le plus souvent dans la période suivante. La mise en place des grandes familles d’inscriptions se fait donc à ce moment et les inscriptions se diversifieront quelque peu durant l’époque suivante. Nous pouvons présenter les différentes inscriptions selon le thème de la religiosité chrétienne qui est abordé.
La limitation volontaire du développement de l’inscription au prix de nombreuses abréviations est sans doute liée au temps nécessaire à la réalisation de cette inscription et aussi à la volonté des commanditaires de l’objet. Il devait encore être considéré comme un objet utilitaire, un instrument d’appel et éventuellement de musique et non pas un instrument de propagande. Par ces inscriptions qui seront de plus grande ampleur, il le deviendra dans la période ultérieure. Cette utilisation comme instrument de propagande peut paraître étonnante vu l’emplacement des cloches qui n’étaient pas visitées par la foule. Cependant, étant un outil sonore, on peut comprendre qu’on lui ait attribué des fonctions de véhicule des idées tant religieuses que politiques (voir les réflexions d’Honorius d’Autun en 1.2.2.2).
Cette pratique perdurera durant l’époque gothique.