Le second motif important qui montre une sériation géographique est l’ensemble des médaillons représentant l’archange saint Michel. A la différence des représentations de la Vierge, que nous trouvons sur l’ensemble du domaine d’étude même faiblement, les représentations de saint Michel sont très localisés. Quelques pièces très isolées qui correspondent sans doute à des cloches offertes par des personnes originaires des zones de diffusion de cette représentation existent cependant. Ces cloches peuvent également avoir été déplacées.
Ce saint personnage est doté de vertus spécifiques qui sont les héritières de la tradition qui contribue à sa popularité. Terrassant le dragon et donc les forces du mal, il incarne une protection divine très puissante. Il est ainsi censé éloigner la foudre et les autres phénomènes atmosphériques particulièrement dommageables dans la société médiévale qui est une société agricole avant tout. La cloche est parée des mêmes vertus. Cela a conduit certains villages à développer des sonneries à toute volée lors des orages.
Le domaine de diffusion de ces cloches ornées de saint Michel et donc dotées de vertus protectrices est situé en fait dans le sillon rhodanien 652 et la côte méditerranéenne (cf. carte 12). Certaines de ces représentations se trouvent également dans les Alpes françaises à proximité immédiate de la zone de diffusion maximale.
Saint Michel est toujours accompagnée du Christ et de la Vierge. Une représentation de cet ensemble de trois des personnages majeurs du christianisme (Christ, Vierge et saint Michel) se trouve dans une situation exotique à l’église de la Ronde sur la commune de Forêt sur Sèvre (79). Il est possible que cette cloche ait été une cloche importée suite aux destructions révolutionnaires particulièrement importantes dans cette région. Aucun élément ne permet de connaître véritablement l’histoire de cette cloche. Par la répartition des représentations de saint Michel, nous voyons donc que son culte n’était pas répandu équitablement sur le territoire national. Cette idée de protection divine dont témoigne l’utilisation de la représentation de saint Michel ne s’étend donc pas à l’ensemble du territoire puisque nous ne retrouvons pas l’équivalent de saint Michel ailleurs.
Jusque dans la partie sud de la Bourgogne.