3.3.4.1 Eléments généraux des croyances populaires

3.3.4.1.1 La cloche, élément de la protection divine de la communauté

La très forte fréquence des inscriptions (tableau 9) invoquant la protection divine ainsi que la fréquente représentation de l’un des saints guerriers (saint Michel ou saint Georges : voir tableau 10) nous indique que l’une des préoccupations majeures des communautés paysannes étaient la protection divine. Il faut en effet rappeler que l’économie de ces groupes ainsi que de la très grande majorité des populations d’alors reposait sur l’agriculture. Dans ce cadre, la survenue d’une catastrophe dite naturelle est un véritable cataclysme pour l’ensemble de la population. Elle est en effet annonciatrice au mieux de disette, au pire de famines. Par l’appel aux saints intercesseurs et protecteurs 653 , la cloche est donc parée de vertus de protection des communautés et de leur récolte. En particulier, saint Michel et saint Georges luttant contre un dragon luttent contre une créature démoniaque qui est vecteur des orages et du feu. L’inscription A fulgura et Tempestate libera nos Domine est également très claire sur ce sujet.

Cet aspect diffusé et déformé donnera naissance au mythe selon lequel la sonnerie d’une cloche durant un orage apporte la protection divine et éloigne la foudre, la grêle et les autres calamités du même genre. Suivant ce mythe, la pratique de la sonnerie des cloches à toute volée s’est diffusée dans les campagnes et s’est maintenue tardivement jusque dans le courant du XXe siècle. Cette croyance a ainsi conduit un certain nombre de marguillier à la mort. En effet, l’agitation d’une masse importante de métal surélevée dans l’air attire bien plutôt la foudre qu’elle ne l’éloigne. Ainsi, elle protège effectivement les récoltes en attirant la foudre sur le sonneur…

Notes
653.

Sainte Barbe fait également partie de ce groupe.