Ce culte ne se marque que très faiblement par le biais de médaillons représentant cette sainte. Cette sainte martyre est représentée de façon très classique avec l’instrument de son martyr et la palme indiquant sa qualité de martyre. On peut distinguer nettement la sainte représentée en pied et vêtue d’une longue robe (voir fig. 936). Les cloches représentant cette sainte sont excessivement regroupées si l’on excepte la cloche « exotique » d’Ecuires (62) (voir carte 12). De plus, sur les sept représentations que nous avons recensées, trois se retrouvent réunies dans le seul clocher de l’église Saint-Jean de Valence (26). La diffusion du motif est donc très restreinte et peut témoigner tant de la diffusion limitée de ce culte que de la signature d’un fondeur qui aurait eu dans ses cartons un moule représentant cette sainte.
Le culte de cette sainte ne semble donc pas s’être étendu dans des proportions importantes. De plus, au vu de la chronologie resserrée des différentes cloches portant cette décoration, il est possible qu’elle soit l’œuvre d’un seul fondeur (à l’exception de celle d’Ecuires 655 ).
Il convient de rappeler que le culte de cette sainte s’est développé en particulier dans les bassins miniers de façon importante avec le développement de l’exploitation à la poudre des galeries de mine à partir du XVIIe siècle.
Le culte de cette sainte a été officiellement supprimé de la religion catholique en 1969. Cette sainte légendaire dont les premières mentions remontent au Xe siècle dans une légende rapportée par Méthaphraste. Du fait de sa foi, elle fut enfermée par son père dans une tour. Plusieurs versions existent pour relater la fin de la vie de cette personne. D’une part, son père l’aurait tué de ses mains et en serait mort immédiatement, frappé par la foudre (Bénédictins de Ramsgate, 1988). D’autre part, il semble qu’elle se serait évadée de sa tour après l’avoir fait exploser avec l’aide divine.
Le message véhiculé par les cloches, tant par le biais des inscriptions que par celui des décorations, est donc le témoin de particularismes régionaux qui sont peu visibles par les moyens d’étude plus classiques de la religiosité médiévale. Les cloches sont également le témoin des préoccupations majeures des communautés et révèlent des éléments plus délicats à appréhender par la seule étude archivistique.
Il se peut que cette cloche ait été transporté dans ce clocher mais soit originaire du couloir rhodanien. De plus, son iconographie a pu inciter à la transporter dans un bassin minier.