Les informations concernant les techniques de sonnerie de cette période restent assez dispersées mais deviennent plus nombreuses et surtout quelque peu plus précises 683 que durant les périodes précédentes. Deux autres éléments nous permettent d’imaginer les techniques de sonnerie utilisées au cours de cette période. D’une part, nous pouvons observer les différentes traces d’usure rencontrées sur les nombreuses cloches encore existantes qui témoignent des différents types de sonnerie qui ont été mises en œuvre au cours du temps sur chacune des cloches. D’autre part, nous pouvons observer la disposition des cloches lorsqu’elles se trouvent encore dans leur édifice d’origine. En l’absence de datation absolue, nous pouvons imaginer qu’il s’agit peu ou prou de l’installation d’origine.
Les traces que nous avons pu observer 684 sont de trois ordres. D’une part, ce sont les traces d’une sonnerie en volée tout à fait classique qui marque deux points d’impact diamétralement opposés 685 . Ces points d’impact sont les points d’impact du battant et se rencontrent donc à l’intérieur de la cloche sur la pince. Compte tenu de l’usure, la cloche peut avoir été tournée d’un quart de tour et présenter au total quatre points d’impact. Deux points sont alors anciens et deux sont récents. Cela ne remet pas en cause l’interprétation du type de sonnerie utilisée.
Nous pouvons également rencontrer un point d’impact simple situé sur la pince extérieure. Il s’agit dans ce cas d’une sonnerie par tintement à l’aide d’un marteau extérieur actionné par un système plus ou moins complexe de tringlerie. Ce système correspond à la mise en place d’une horlogerie dotée d’un système de sonnerie.
Le troisième ensemble de traces est le moins courant et témoigne généralement d’un évènement particulier. Ainsi, certaines cloches présentent des points d’impact dispersés sur l’ensemble de la robe. Ces traces correspondent le plus souvent à des évènements récents comme la fin des conflits mondiaux où les gens montaient avec des marteaux pour frapper sur les cloches pour les faire tinter le plus possible 686 . Dans le cas de la cloche romane de Vaumas (03), cela s’est traduit par la fêlure de celle-ci. Ces dernières traces sont donc les vestiges d’une sonnerie que nous qualifierons d’inappropriée.
Les modes de sonnerie sont plus diversifiés que dans les périodes précédentes où nous ne pouvions identifier de façon certaine que la sonnerie en volée et sans doute en volée directe. Si ce système de sonnerie est toujours celui qui est le plus utilisé durant la période gothique, le tintement se développe fortement avec l’apparition des horloges (voir 3.4.2.3.1). En effet, les cloches des horloges ne sont pas mises en mouvement par les mécanismes, ce qui nécessiterait une puissance trop importante pour ces mécaniques mais simplement tintées à l’aide d’un marteau extérieur. De telles installations existent encore et sont à peu près encore en place 687 : Barjols (83), Perpignan (cloches de la cathédrale, 66)…
Le développement de puissants beffrois de bois permet de plus de mettre en volée de lourdes cloches sans pour autant mettre en péril les édifices grâce à une absorption importante des forces mécaniques de chocs. La sonnerie en volée peut se diversifier à cette période. En effet, la mise en place de cloches mobiles de très grosse taille 688 oblige, dans le cas d’une volée directe, à exprimer une force très importante pour mettre la cloche en mouvement. Il est donc probable qu’au cours de cette période, les installations se sont faites plus précises et donc plus efficaces en limitant les frottements et en utilisant deux méthodes. D’une part, par un bon équilibrage du joug en conservant une sonnerie en volée directe qui est la plus expressive et la plus sonore, on peut aisément balancer des cloches de grosse taille. Pour cela, il faut procéder à une surcharge du joug qui apparaît quelquefois extrêmement massif 689 .
L’autre technique consiste à modifier l’axe de rotation de la cloche et provoquer ce que l’on appelle une sonnerie en rétro-lancé 690 . Au lieu de la disposer comme traditionnellement sous l’axe de rotation 691 , on crée un joug cintré qui permet de surhausser la cloche par rapport à l’axe de rotation et donc de faciliter grandement sa rotation. Il est probable que cette nouvelle technique de sonnerie a été privilégiée pour permettre une sonnerie plus aisée au prix d’un effort moindre en l’absence de systèmes mécaniques de traction autres que la traction manuelle de la corde. Compte tenu de l’accroissement de la taille des cloches, il est donc probable que les deux systèmes de suspension se sont développés de manière concurrentielle au cours de la période gothique.
Par le biais d’un vocabulaire plus proche du nôtre.
En l’absence de recharges qui effacent les traces anciennes mais qui, heureusement pour nos travaux, restent encore rares.
Cette opposition est théoriquement parfaite et le point d’impact est très net dans le cas d’une installation très bien faite et très bien équilibrée.
Il faut signaler le cas particulier de la cloche de Landas (59) qui porte des enlèvements de métal sur la robe consécutifs à la première guerre mondiale et au choc de balles perdues.
Même si l’horloge a été changée.
Par exemple le bourdon de Lagnieu (01) de 1495, mesurant 1,5m de diamètre et pesant environ 2 tonnes.
Voir le cas du joug très surchargé de la basilique St Sernin de Toulouse, fig. 956.
Ce nom vient du fait que le battant ne frappe pas la cloche en haut lors de l’apex de sa trajectoire mais c’est la cloche qui vient frapper le battant lors de sa redescente. Le son en est alors plus sourd et moins ample qu’avec une volée traditionnelle.
Les anses se trouvant peu ou prou dans cet axe.