3.4.2.2 Les motifs de sonneries religieuses

Il ne semble pas y avoir de grandes différences dans les motifs de sonnerie entre la période romane et la période gothique.

L’époque gothique est sans doute la période où se met en place l’ensemble des principes qui régiront la vie campanaire des villes durant l’époque moderne. Ce point n’a pas été abordé en détail faute de temps et de sources complètement publiées. En effet, les principales sources sont les coutumes de sonnerie propres à chaque église. Il faut rappeler ici que le nombre de cloches est déjà régi par des décisions conciliaires depuis 817 (DRESCHER, 1999). Les sources de la région lyonnaise ont été étudiées de façon relativement approfondie et sous l’angle proprement campanaire par Alain Court dans son mémoire de maîtrise (COURT, 1989). Il ressort de ce travail que les cloches religieuses 692 sonnent de façon extrêmement hiérarchisée pour éviter une anarchie complète des sonneries selon l’importance de l’église qui les renferme. L’église qui peut sonner ses cloches en premier pour annoncer un office est la cathédrale suivie par les différentes églises en fonction de leur dignité religieuse. Les cloches servent toujours à signaler les offices, ce qui est et demeure leur fonction première depuis les origines et encore de nos jours.

De plus, les rythmes de sonnerie qui reposent désormais généralement sur au moins deux cloches 693 permettent de distinguer les édifices sonnants. La signalisation est donc plus complexe puisque les cloches ne marquent plus seulement les heures liturgiques mais aussi les édifices se préparant à célébrer les cultes. Il est probable que parallèlement à la diffusion de la pratique de l’angélus se diffuse la pratique de signaler les décès 694 lors de ces sonneries en particulier dans les campagnes.

Hors des villes, compte tenu de l’accroissement de la taille des cloches, la portée augmente également très sensiblement, ce qui permet de couvrir à partir de l’église paroissiale l’ensemble du terroir paroissial. La cloche devient un véritable instrument de communication et non plus de simple appel. C’est ainsi que se développent à ce moment 695 les sonneries d’alerte qui pouvaient déjà être occasionnelles dans les périodes antérieures (voir les extraits de la vie de St Benoît d’Aniane en 2.1.1.2) mais qui deviennent une véritable institution et aboutissent à la création de cloches de grande taille spécifiquement destinées à cette utilisation. La création d’une cloche spécifique montre bien que se développe un code sonore complexe véhiculé par les cloches qui peut permettre une communication précise entre les habitants.

L’apparition du terme carillon (voir 3.1.5) nous indique également qu’un nouveau mode de sonnerie se met en place. Nous ne pouvons néanmoins pas le définir de façon précise. Il peut s’agir d’une sonnerie en grande volée comme nous l’avons expliqué précédemment.

Les utilisations religieuses des cloches ne sont plus les seules utilisations à partir de l’époque gothique. Les utilisations laïques se développent également à cette période en dehors de la simple utilisation comme moyen d’alerte par le biais du tocsin. Ces nouvelles utilisations se font en marge des utilisations classiques. Les cloches religieuses restent les plus importantes, les pouvoirs religieux donnant en effet leur accord à la mise en place d’une horlogerie municipale avec cloche 696 .

Notes
692.

Il n’aborde malheureusement pas l’aspect des cloches laïques que nous avons mises en évidence dès le XIVe siècle et qui sont donc présentes durant la période moderne.

693.

Durant la période moderne, le nombre de cloches que peut renfermer une église est toujours fonction de sa dignité : COURT, 1989.

694.

Ou encore les naissances ou les mariages.

695.

Voir le braillard de Chalon sur Saône (71) de 1429.

696.

Voir en 3.4.2.3.2 le texte concernant les relations entre le Dunois et l’abbaye de Marmoutier.