Les horloges monumentales 697 se développent à partir de cette période. Elles vont orner les grands édifices des grandes villes et sont en eux-mêmes de véritables œuvres d’art 698 (voir fig. 939). Cela amène aussi le développement dans les consciences populaires d’un deuxième temps après le temps religieux qui a rythmé la vie des périodes médiévales antérieures. Ces deux temps sont diffusés et popularisés au moyen des cloches.
Le temps laïc va devenir le temps prépondérant. Malgré leur défaut 699 , ces horloges marquent en effet un temps dont la segmentation est fixe au cours de l’année à la différence du temps religieux influencé par la durée du jour. Une heure a toujours la même durée quel que soit le jour de l’année. Sur ces horloges, la partie mécanique servant à la mise en mouvement 700 des cloches est au moins aussi importante en volume que celle servant au calcul de l’heure. L’émission d’un son est en effet l’un des moyens essentiels, voire le seul, de diffuser l’heure dans l’ensemble de la ville. Ces horloges dont le mécanisme est invisible normalement pour les habitants de la ville se remarquent extérieurement de deux façons. Dans le cas de l’horloge municipale de Prague (République Tchèque) que nous pouvons replacer comme proches des systèmes connus en France à Rouen, Avallon ou Auxerre, l’horloge a été placée dans un bâtiment spécifiquement construit à cet effet (voir fig. 940). Dans le cas de Prague, le mécanisme toujours en fonction est désormais restauré et visible par le public (voir fig. 939). Visuellement, ces horloges comportent très tôt 701 un ou des cadrans extérieurs portant des aiguilles et indiquant l’heure. Cette visibilité est souvent monumentalisée par l’ajout de personnages, les jacquemarts, qui s’animent régulièrement pour donner vie à la façade et tinter de petits timbres qui ne sont en fait que des modèles des cloches qui se font réellement entendre. Auditivement ensuite, les horloges se font entendre au moyen de cloches que l’on appellera par la suite des timbres.
Les cloches disposées dans ces édifices sont généralement des cloches laïques en ce qu’elles ne servent pas du tout à signaler les différents offices, ni les heures canoniques mais simplement les heures de la ville. Quelques ensembles ou cloches isolées témoignant de ce développement existent encore et ont pu être relevées. Ainsi, à Valence, nous avons les trois cloches issues de la même coulée et servant d’horloge municipale ainsi qu’un mécanisme assez ancien 702 encore partiellement connecté aux cloches bien qu’inutilisé. Du point de vue de la mécanique d’horlogerie, il s’agit de l’un des ensembles les plus complets de France et qui mériterait donc une attention particulière. Les horloges autorisent donc le développement de la production de cloches municipales. Ce nouvel outil de mesure du temps crée une nouvelle fonction pour la cloche 703 et oblige à la production de nouvelles pièces indépendantes des édifices religieux.
Elles sont surtout monumentales par la taille des mécanismes qui ne sont pas encore les mécanismes très réduits que nous connaissons aujourd’hui.
L’étude et la préservation de ces systèmes tant médiévaux que modernes (jusqu’au XVIIe siècle surtout pour les plus intéressantes) n’est pas encore assurée et il faut espérer que ce pan de l’étude du temps, d’un point de vue physique et palpable, se développe rapidement pour permettre la préservation de ce patrimoine encore moins connu et plus mal protégé que le patrimoine campanaire.
Certaines pouvaient prendre une heure de décalage par jour !
Ou plutôt la mise en tintement, ces cloches n’étant généralement pas mises en volée.
Dès le XIVe siècle.
XVIIe ou XVIIIe siècle.
Il s’agit toujours d’une fonction de signal.