3.5.2 Les petites églises

Deux situations peuvent se présenter. Elles ont abouti à deux mises en œuvre assez différentes. D’une part, les architectes chargés de réaliser de petites églises ont pu réaliser des tours massives de plan carré identiques à celles des cathédrales mais de proportions plus limitées. Cette situation se rencontre dans le nord de la France principalement où les grandes cathédrales gothiques ont effectivement servi de modèles. Dans quelques rares cas, sans doute pour des raisons de coût financier, l’architecte a pu choisir de réutiliser une tour préexistante comme la tour de guet de Villemaur-sur-Vanne(10).

D’autre part, les architectes ont pu privilégier une autre solution sans doute moins onéreuse. En effet, il est possible qu’un grand nombre de clochers-peignes du sud de la France remontent à l’époque gothique. Cette solution est de mise en œuvre plus aisée. Les chocs dus au balancement des cloches ne doivent pas être absorbés de la même façon que dans une tour classique. Ainsi, dans un clocher-peigne, les chocs transmis dans l’axe de balancement ne doivent pas être absorbés car ils ne sont presque pas transmis à la maçonnerie. Cependant, la technique des clochers-peignes telle qu’elle est mise en œuvre impose une limitation de l’ouverture des baies de suspension et donc de la taille des cloches. Cela ne pose pas de problèmes majeurs puisque nous avons également remarqué que les clochers du sud de la France contiennent souvent des cloches de plus petite taille. De plus, ce type de clocher conduit les cloches et surtout les éléments de bois à être exposés à tous les vents. Il est donc plutôt adapté à des régions aux climats moins rigoureux comme le sud de la France. L’avantage de ce type de clocher réside également dans la limitation des travaux de menuiserie nécessaire. Il n’y a en effet presque pas de beffrois à construire et en particulier l’ouvrage ne nécessite pas de recourir à des pièces de bois de grande longueur moins courantes dans les forêts du sud de la France que dans celle du nord.

Le choix de l’un ou l’autre des types de clochers dans les petites églises réside donc sans doute dans un assemblage complexe de contraintes financières, de contraintes techniques et d’influences esthétiques.

Pour conclure, l’architecture gothique réserve donc une place de premier choix aux cloches en créant de vastes chambres qui sont autant des espaces utilitaires que des espaces structurels rendus obligatoires pour alléger la masse de pierre mise en œuvre. Elles permettent une certaine audace architecturale. L’utilisation de ces espaces comme chambre des cloches n’est que partielle. L’ensemble des tours ne pouvaient pas être équipées tant pour des raisons économiques que pour des raisons techniques 732 . La création de vastes espaces permet également de créer un possible logement pour le sonneur. Ce logement sera souvent utilisé jusqu’à la Révolution. La présence architecturale des tours campanaires, tant celles des cathédrales que celle des pouvoirs laïcs qui commencent à apparaître, témoigne de l’omniprésence des sonneries de cloches.

Notes
732.

Il est particulièrement difficile de mettre en mouvement l’ensemble des cloches et la stabilité générale de la structure peut être mise en danger.