Sept manuscrits contiennent à ce jour l’ensemble des sermons connus de Jourdain de Saxe. Le premier à avoir été signalé est conservé à Durham. En 1939, A.G. Little et D. Douie éditaient dans The English Historical Review trois sermons conservés dans un manuscrit de la bibliothèque cathédrale de cette ville215. La même année, le P. Thomas Kaeppeli signalait dans l’Archivum Fratrum Prædicatorum trois autres sermons de Jourdain de Saxe, conservés dans un recueil de sermons de la Bibliothèque Municipale d’Amiens216. En 1956, le P. Kaeppeli décrivait également dans l’Archivum Fratrum Prædicatorumun manuscrit de la bibliothèque cathédrale de Canterbury contenant des sermons de Jourdain de Saxe, certains attribués explicitement, d’autres attribués par le P. Kaeppeli. Dans le même article, il signalait un manuscrit de la Bibliothèque municipale de Colmar contenant des schémas de sermons attribués à Jourdain217. Toujours dans l’Archivum Fratrum Prædicatorum, Franco Morenzoni, quarante ans plus tard, reprenait le dossier, en indiquant dans le manuscrit de Durham de nouveaux sermons qu'il pensait pouvoir attribuer à Jourdain218.
Par ailleurs, une étude du P. Hilarius Barth signalait un manuscrit de la bibliothèque universitaire de Bâle qui semblait contenir quelques sermons de Jourdain de Saxe219, et cela malgré le catalogue des manuscrits établi par Gustav Meyer et Max Burckhardt, qui à tort excluait la possibilité de cette attribution220. Ce manuscrit contient pourtant trois sermons qui sont de Jourdain de Saxe.
Un manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale de France contient au moins deux sermons de Jourdain de Saxe, déjà connus par d’autres manuscrits. Le Repertorium de J.-B. Schneyer221 renvoie dans la description qu’il en fait à un autre manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Reims, qui contient plusieurs sermons de Jourdain.
D’autres manuscrits ont été attribués à tort à Jourdain de Saxe. Déjà les Scriptores Ordinis Prædicatorum des PP. Quétif et Echard indiquaient un volumen sermonum 222. Le P. Axters l’a identifié avec le manuscrit 8201 de la Bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, et montré qu’il s’agissait de sermons de l’ermite de Saint-Augustin, Jourdain de Quedlinbourg, appelé aussi Jourdain de Saxe223.
La confusion entre le frère prêcheur et l’ermite de Saint-Augustin224, qui tous deux portent le nom de Jourdain de Saxe, est fréquente et ancienne. Un exemple en est le manuscrit de la Bibliothèque nationale autrichienne, CVP 3651, qui contient la mention suivante, du XVe siècle : Sequitur sermo super Euuangelio (sic!) quod legitur secundum breuarium romanum in ultima dominica post penthecostes, que est dominica ante aduentum Domini. Editus ab egregio doctore sacre theologie Iordano Parisius predicatore elequentissimo ac profundissimo, qui fuit frater ordinis predicatorum ac eiusdem ordinis generalis magister. Et diuiditur iste sermo in plures parciales sermones. Vérification faite, malgré cette identification formelle, il s’agit de Jourdain de Quedlinbourg225.
Il en est de même lorsque B. M. Reichert signale dans son édition de la Chronica Ordinis trois manuscrits de sermons de Jourdain226. Berthold Altaner les a identifiés comme sermons de Jourdain de Quedlinbourg227.
Le contraire est aussi possible. Ainsi parmi les sermons qu’il estime pouvoir attribuer à Jourdain de Quedlinbourg, Adolar Zumkeller signale un manuscrit de la bibliothèque municipale d’Amiens, qui, lui, est bien de Jourdain de Saxe228.
Andrew George LITTLE, Decima DOUIE, "Three Sermons of Friar Jordan of Saxony, the Successor of St. Dominic, preached in England, A.D. 1229", The English Historical Review 54 (1939), pp. 1-19.
Thomas KAEPPELI, "Predigten Jordans von Sachsen", AFP 9 (1939), p. 311-314.
Thomas KAEPPELI, "Un recueil de sermons prêchés à Paris et en Angleterre conservés dans le Ms. de Canterbury, Cathedr. Libr. D 7 (Jourdain de Saxe O.P., Thomas de Chabham etc.)", AFP 26 (1956), pp.161-191.
Franco MORENZONI, "Les sermons de Jourdain de Saxe, successeur de saint Dominique", AFP 66 (1996), pp. 201-244.
Untersuchungen zu den Schriften Jordans von Sachsen O.P. (+1237), insbesondere zu seinem Apokalysenkommentar, Prüfungsarbeit am Institut für österreichische Geschichtsforschung, eingereicht von Hilarius Hans Barth O.P., Wien, 1971, pp. 51-52.
MEYER Gustav, BURCKHARDT Max, Die mittelalterlichen Handschriften der Universität-bibliothek Basel, besonderes Verzeichnis, Abteilung B, Theologische Pergamenthandschriften, zweiter Band, Basel, 1966, p. 75 : "Am Rd. steht Ior (wie 80 ; 75 Iord.) : welcher IORDANUS (-ES) darunter zu verstehen ist, ist schwer zu sagen. I. DE QUEDLINBURG (+1380) kommt schon aus Zeitgründen nicht in Frage ; I. SAXO, mag. gen. O.P. scheidet ebenfalls aus, da vorl. Incipit in der Predd.-Liste bei KAEPPELI, AFP 26 (1926), 162 ff. (s. 175 nr. 6) ; 176 ff. nicht vorkommt ; I. PISANO hat offenbar nur (?) serm. in volgari."
Ce manuscrit est décrit par SCHNEYER Johannes Baptist, Repertorium der lateinischen Sermones des Mittelalters für die Zeit 1150-1350, Heft 9, Anonyme Predigten, Bibliotheken O bis Z, Münster, 1980, pp. 210-225. De ce manuscrit, Schneyer attribue le sermon n° 76, sur le thème Imitatores mei estote, à Jourdain de Saxe, ce qu’il dit aussi dans sa description des sermons de Jourdain, SCHNEYER Johannes Baptist, Repertorium, Heft 3, Autoren : I-J, Münster, 1971, pp. 864-868, au sermon n° 48, en faisant de ce sermon une autre reportation du sermon sur ce même thème qui se trouve dans le manuscrit d’Amiens. Vérification faite, il ne s’agit pas du même sermon, et rien ne permet de l’attribuer à Jourdain de Saxe.
QUETIF Jacques, ECHARD Jacques, Scriptores Ordinis Prædicatorum, vol. I, Paris, 1719, p. 99.
AXTERS Stephanus G., Bibliotheca dominicana neerlandica manuscripta 1224-1500, Louvain, 1970, p. 301.
Les sermons de Jourdain de Quedlinbourg sont décrits par SCHNEYER Johannes Baptist, Repertorium der lateinischen Sermones des Mittelalters für die Zeit 1150-1350, Heft 3, Autoren : I-J, Münster, 1971, pp. 802-864.
Voir aussi Adolar ZUMKELLER, Manuskripte von Werken der Autorem des Augustiner-Eremitenordens in mitteleuropäischen Bibliotheken, Würzburg, 1966.
Cet exemple est donné parmi d’autres par BARTH, Untersuchungen, pp. 45-46.
Cronica ordinis prior, MOPH I, p. 329.
Berthold ALTANER, Die Briefe Jordans von Sachsen, des zweiten Dominikanergenerals (1222-1237), Text und Untersuchung, QF 20, Leipzig, 1925, p. 111.
ZUMKELLER, Manuskripte, p. 316.