CHAPITRE IV. AUTRES TEMOIGNAGES DE LA PREDICATION DE JOURDAIN DE SAXE

La prédication de Jourdain n’a-t-elle été qu’universitaire et synodale ? Michel Zink, dans l'étude qu'il consacre à la prédication en langue romane, le prétend :

‘Dans leur souci de recruter des éléments d’un bon niveau, les Prêcheurs à leurs débuts s’adressaient donc essentiellement à des clercs appartenant à d’autres Ordres, qu’ils essayaient de débaucher, ainsi qu’aux maîtres et aux étudiants des universités : en somme une prédication à usage interne précéda la prédication missionnaire. Cette prédication en vue du recrutement semble avoir absorbé l’essentiel d’un Jourdain de Saxe, qui, apparemment, ne prêchait qu’exceptionnellement au peuple en langue vulgaire. Une telle prédication se faisait naturellement en latin et son niveau était très élevé puisqu’elle s’adressait aux universitaires les plus savants363.’

Un tel jugement doit être nuancé. Il est vrai que c’est avant tout la prédication universitaire et synodale de Jourdain qui a été conservée, et cela grâce à la technique de la reportation, qui renvoie principalement au monde universitaire.

Est-il alors possible de trouver ailleurs l’une ou l’autre trace de la prédication de Jourdain ? Michel Zink donne lui-même un premier élément de réponse en rappelant cet épisode des Vitæ Fratrum que rapporte Gérald de Frachet364 :

‘Invité par les templiers de Jérusalem, qui étaient français, à leur faire une conférence (collacionem), il y consentit volontiers, bien qu’il connût fort peu leur langue. Il se trouvait sur une place, et ils étaient devant lui. En face s’élevait un mur de la hauteur d’un homme. Voulant d’abord leur faire comprendre qu’il ne savait que très peu le français, et espérant néanmoins qu’un seul petit mot leur révélerait une grande vérité, il leur dit : "Si derrière ce mur, il y avait un âne qui élevât la tête de manière à vous montrer une de ses oreilles, nous comprendrions tous aussitôt qu’il y a là un âne tout entier ; en sorte que nous comprendrions le tout à l’aide d’une petite partie. C’est ainsi qu’un seul petit mot français, dit à propos d’une grande vérité, suffit parfois pour la faire comprendre tout entière, bien que les autres mots soient allemands365."’

Gérald de Frachet mentionne une autre occasion de prédication. Ou plutôt rappelle quelques paroles improvisées par Jourdain à l’occasion d’un chapitre général de son Ordre, alors que justement la maladie l’empêchait de prêcher. Cet épisode témoigne d’une prédication de Jourdain à ses frères, dont il ne reste rien.

‘Une grave maladie l’ayant empêché de prêcher aux frères dans un Chapitre général, on le pria de leur adresser quelques mots de consolation. Il se rendit dans la salle capitulaire et parla ainsi : «"Mes frères, nous avons beaucoup répété cette semaine : Tous furent remplis de l’Esprit Saint. Sachez que ce qui est plein ne peut plus être rempli, et tout ce qu’on y verserait en plus serait répandu. Or les saints apôtres furent remplis du Saint Esprit, parce qu’ils étaient vides de leur propre esprit. C’est ainsi que nous chantons dans le verset : Tu enlèves leur esprit, ils ne seront plus, c’est à dire qu’ils mourront eux-mêmes pour vivre en toi, et ils retourneront à leur poussière. En effet il est dit encore : Envoie ton esprit, et ils seront créés ; comme si David disait : Si, par ta grâce, ils renoncent à leur volonté propre, à leur sens privé et à l’amour d’eux-mêmes, ils seront remplis de ton Esprit Saint." Les frères furent très édifiés de ces paroles366.’

Les lettres de Jourdain ne donnent guère plus d’indications. Une seule lettre mentionne une prédication autre qu’universitaire :

‘Le jour de saint Laurent, bien que faible et sur conseil du médecin, j’ai quitté Vérone et arrivé à Trente, je me suis trouvé mieux, de sorte que j’ai pu prêcher au peuple le jour de l’Assomption, et le lendemain au clergé367.’

De cette prédication au clergé demeurent quelques traces. Le témoignage le plus évident en est celui de Thomas de Cantimpré dans le Liber de natura rerum, où il rappelle une comparaison peu obligeante pour le clergé faite par Jourdain, qu’il cite ainsi : Super hoc pie memorie Iordanis magister ordinis predicatorum in quodam sermone dixit - loquebatur quidem ad canonicos et clerum in synodo 368. Il existe au moins deux sermons reportés de Jourdain qui contiennent cette comparaison, et qui sont en effet des sermons synodaux, ce qui permet de vérifier l’authenticité de l’affirmation de Thomas de Cantimpré369.

Thomas de Cantimpré rappelle une autre prédication de Jourdain, faite à la curie romaine, en présence du pape. C’est à cette occasion qu’un frère convers, possédé par le diable, cherche à tuer Jourdain.

‘Voici maintenant les redoutables esprits du mal répandus dans les airs. Jourdain de sainte mémoire, frère et maître de l’Ordre des frères prêcheurs, était venu à Rome pour faire la visite des frères. Entré dans la maison de l’Ordre, il bénit les frères et célébra une messe lue. Il gagna ensuite l’infirmerie pour voir les malades et y découvrit un frère convers qui semblait sain d’esprit, mais qui était pourtant soigneusement entravé. Le maître lui demande donc la raison de ces entraves. Il répond qu’il a été jusqu’à présent aliéné, mais que depuis l’arrivée de Jourdain il avait été rendu à une parfaite santé. Le maître accorda créance à l’esprit du mal plus vite qu’il n’aurait été convenu et il ordonne de le libérer de ses entraves. Dans le même temps le pape Honorius, d’heureuse mémoire, qui avait appris son arrivée, lui demande de venir à la curie après le repas et la sieste, afin de donner un sermon aux clercs. On en arrive ensuite au repas, on y fait venir le frère convers, celui qui avait été entravé ; il s’attable, se conduit avec bon sens et après le repas et la récitation des grâces, on apprête un lit pour le maître. Mais le démoniaque survient, tenant un rasoir et il entaille la gorge du maître endormi, pourtant pas à fond et sans que la blessure ait visé un endroit déterminé. Blessé et réveillé brutalement, Jourdain apposa sa main au rasoir et reçut ainsi sur deux ou trois doigts un coup, qui, à ce que l’on crut, allait jusqu’à la mutilation. Sorti de sa torpeur, tout le couvent est en plein tumulte ; les frères accoururent et trouvent le maître gisant à terre et demi-mort. Se livrant aux pleurs et aux cris, ils se lamentent. C’est alors que le prieur de la maison, après avoir imposé silence, ordonna de cacher la chose pour qu’elle ne devienne pas un objet de scandale aux dépens de l’Ordre et pour qu’elle ne soit pas utilisée en mauvaise part par les séculiers jaloux. On en arriva donc à l’heure de la prédication et le prieur s’avança pour prêcher à la place du maître. Mais après avoir annoncé le thème et alors qu’il aurait dû poursuivre son sermon, il fondit subitement en larmes et dans un grand cri poussa un véritable mugissement. Tous les cardinaux en sont stupéfaits et un fidèle ami de l’Ordre prend à part le prieur en lui demandant la cause de cette douleur. Le prieur avoue. Immédiatement, tous deux se rendent auprès du pape, lui révèlent le malheur et le pape pousse des lamentations en disant : "Hélas, Seigneur mon Dieu, qu’est-ce qui est arrivé ?" Que dire de plus ? Des chirurgiens se rendent près du malade, examinent et sondent les blessures et conseillent finalement de demander avec d’ardentes prières l’aide de Dieu plutôt que celle des hommes.’ ‘Au matin du troisième jour après le malheur, le maître fait signe à un jeune novice en lui demandant de préparer secrètement un autel. Stupéfait - comme il est naturel - le jeune religieux indique à son prieur ce qui est est ordonné. Celui-ci absolument saisi de stupeur, court trouver le maître et lui demande s’il est devenu fou ou s’il est faux qu’il veuille célébrer la messe en étant en grand danger de mort. Le maître, après avoir regardé le prieur, détourne les yeux et lui ordonne de se retirer. Tandis que celui-ci obéissait et attendait au dehors le résultat de ce si grand événement, le maître se leva, revêtit comme il put les ornements sacrés et célébra. Et après avoir pris le sacrement vivifiant du Corps du Christ, il répandit sur les blessures de la main et de la gorge l’eau des secondes ablutions contenues dans le calice. Il fut ainsi complètement guéri et le même jour, à l’admiration générale de tous ceux qui avaient été informés, il prêcha magnifiquement en consistoire devant le pape, les cardinaux et tout le clergé370.’

D’autres mentions de prédications de Jourdain existent, en particulier dans les recueils exemplaires, mais rien n’est dit des lieux ou des occasions de ces prédications. On trouve par exemple chez Etienne de Bourbon les mentions suivants : Hoc retulit magister Iordanus in sermone 371, Audiui a fratre Iordane magistro ordinis predicatorum in predicatione eius 372, D’autres formulations sont plus évasives et ne permettent pas d’affirmer qu’il s’agit d’une parole prononcée dans un sermon: Item, cum magister Iordanus, bone memorie, dixisset 373, ou : Audiui a fratre Iordane, quondam magistro fratrum predicatorum 374.

D’autres recueils exemplaires possèdent des formulations parallèles, comme par exemple celui de Cambridge, qui se fait ainsi l’écho d’une prédication de Jourdain : Venerabilis memorie frater Iordanus, magister ordinis predicatorum, in sua predicatione narravit 375. Les autres mentions de paroles de Jourdain sont moins précises : Hoc autem narravit bone memorie frater Iordanus, magister ordinis predicatorum 376.

Jean Gobi, dans la Scala Sancta, rapporte la guérison d’une femme, alors que Jourdain prêchait la croisade :

‘On lit dans le livre de la vie et des progrès des frères, que frère Jourdain, alors qu’il prêchait la Sainte Croix, et que sa prédication demeurait sans effet, une femme survint qui avait la main sèche, dont elle ne pouvait se servir, et qui avec une grande dévotion prit la croix. Après cela, sa main sèche fut parfaitement guérie377.’

Telle que le rapporte Jean Gobi, cette guérison ne se trouve pas dans les Vitæ Fratrum de Gérald de Frachet. Le seul passage qui pourrait s’en approcher est la guérison d’une femme par un frère espagnol, mais il n’est pas fait mention de prédication de la croisade378. Un épisode similaire se trouve dans le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais, qui concerne bien la prédication de la croisade, mais il se rapporte à saint Edmond, évêque de Canterbury379. Si l’on peut accorder crédit à Jean Gobi, rien n’est encore dit de cette prédication de la croix de Jourdain, pas même s’il s’agit de la croisade d’Orient ou celle contre les Albigeois380.

Des pans entiers de sa prédication semblent être perdus. Sans doute Jourdain a-t-il prêché, par exemple, aux soeurs du monastère Sainte-Agnès de Bologne, auquel il était étroitement lié. Selon la chronique de Sainte-Agnès, Jourdain députa des frères qui chaque jour célébraient la messe pour les soeurs381. Sans doute la célébra-t-il lui-même à certaines occasions et y prêcha. Mais de cette prédication, aucun témoignage ne demeure.

La recherche de témoins d’une prédication de Jourdain autre qu’universitaire ou synodale s’avère bien décevante. Il en demeure bien l’une ou l’autre mention, qui permettent de soupçonner une riche activité de prédication, mais rien ou presque rien n’est resté de son contenu.

Notes
363.

Michel ZINK, La prédication en langue romane avant 1300, Paris, 1982, p. 129-130.

364.

Op. cit., p. 90.

365.

GERALD DE FRACHET, Vitæ Fratrum ordinis Praedicatorum, III, 42, 16, éd. B. M. Reichert, MOPH I, Louvain, 1896, p. 144 : "Cum idem magister invitatus fuisset a Templariis ultra mare, quod faceret eis collacionem aliquam, nec nesciret nisi valde parum de Gallico, et ipsi essent Gallici, exposuit se libenter ad dicendum. Cum autem essent in quadam platea, et ipsi ante ipsum, contigit, quod ante oculos habebat quendam murum altum, quasi ad staturam hominis. Volens autem eis in principio dare intelligere, quod licet nesciret de Gallico nisi parum, tamen confidebat, quod ex uno verbo modico Gallico intelligerent totam magnam sentenciam, dixit sic : "Si unus, inquit, esset asinus ultra murum illum, et elevaret caput, ita quod videremus auriculam eius, iam omnes intelligeremus, quod ibi esset asinus totus, itaque per modicam partem intelligeremus totum ; ita accidit interdum, quod si in una sentencia magna dicatur unum verbum modicum, per illud intelligitur tota sentencia, licet alia fuerint Teotonica."

366.

Vitæ Fratrum, III, 42, 12, p. 143 : "Cum in quodam capitulo generali propter gravem infirmitatem non posset conventui predicare, tandem rogatus, ut aliquod consolatorium eis diceret, ingressus capitulum ait : "Fratres, in hac septimana frequenter dicimus : "Repleti sunt omnes spiritu sancto. Scitis autem, quod plenum non impletur ab alio, sed pocius effunditur quod infunditur. Sancti igitur apostoli repleti sunt a spiritu sancto, quia evacuati erant a spiritu suo ; et hoc eciam in psalmo cantamus : Auferes spiritum eorum, et deficient, a se scilicet, ut proficiant in te, et in pulverem suum revertentur. Et sic : emitte spiritum tuum et creabuntur, quasi diceret David : Si tua gracia voluntatem et sensum singularem et privatum amorem a se evacuerint, tuo sancto spiritu replebuntur." Quo verbo fratres multum edificati sunt."

367.

JOURDAIN DE SAXE, Epistulae, éd. Angelus Walz, MOPH XXIII, Rome, 1951, p. 39-40 : "In die beati Laurentii licet debilis satis secundum consilium medici a Verona recessi et usque ad Tridentum multus confortatus fui, ita ut in die Assumptionis prædicarem ad populum et sequenti die ad clerum."

368.

THOMAS DE CANTIMPRE, Liber de Natura Rerum, editio princeps secundum codices manuscriptos, éd. H. Boese, Berlin-New-York, 1973, pp. 207-208.

369.

Le premier à avoir relevé le lien entre le texte de Thomas de Cantimpré et les sermons synodaux de Jourdain est Helmut BOESE, "Zur Textüberlieferung von Thomas Cantimpratensis Liber de natura rerum", AFP 39 (1969), p. 53-68.

370.

THOMAS DE CANTIMPRE, Bonum universale de apibus, II, 57, 43, Douai, 1605, pp. 571-573 : "Vide et hinc spiritualia miræ nequitiæ in celestibus. Beatæ memoriæ Iordanus, frater et magister ordinis fratrum Prædicatorum, gratia visitandi fratres, Romam venerat : qui accepta benedictione in domo fratrum a fratribus, legit missam. Intrauit postea infirmariam videre languentes, et inuenit fratrem conuersum quasi sanæ mentis esset, tamen diligentissime compeditum. Quærit ergo magister an illo compedito causam compedum. Responset ille : Alienatum se fuisse hactenus : sed in aduentu eius sanitati integerrime restitutum. Credidit magister spiritui nequitiæ citius quam decebat, et compeditum solui præcepit. Nec mora, felix Papa Honorius, audito aduentu eius, mandat eum dormitatione facta post prandium intrare curiam, facturum in clero sermonem. Hinc postea venitur ad prandium, mandatur venire frater Conuersus, qui fuerat compeditus, accubuit ille, sensate se habuit, et ubi facto prandio, et dictis gratiis, magistro stratum est ad pausandum ; venit dæmoniacus ille, et accepto rasorio guttur magistri dormientis incidit, sed non ex toto, nondum certo loco vulneri dato. Qui læsus, subito euigilans, manum obiecit rasorio, et in duobus aut tribus digitis vsque ad emutilationem, vt credebatur, læsionem accepit. Expergefacto ergo in tumultu toto conuentu, accurrunt fratres, magistrum quasi seminecem iacentem inueniunt, et elato fletu cum clamoribus eiulabant. Tunc prior domus, imperato silentio, præcepit ne res in scandalum ordinis diffunderetur, et ne inuerteretur ab æmulis secularibus, celaretur. Venit ergo hora prædicandi, et Prior fratrum vice magistri prædicaturus accessit. At vbi themate prælibato prosequi sermonem debuit, subito resolutus in fletum, cum clamore valido mugitum emisit. Attonitis autem omnibus Cardinalibus, quidam fidissimus ordini Priorem trahit in partem, quærit quid causæ sit doloris. Fatetur Prior. Nec mora, ambo ingrediuntur ad Papam, aperiunt infortunium, conclamat in planctum Papa, dicens : Heu Domine Deus, quid actum est ? hodie magna ecclesiæ columna cecidit. Quid plura ? Accedunt chirurgici, perspiciunt et pertractant vulnera, diuinum potius, quam humanum suadent adiutorium cum omni precum instantia postulandum. Tertia autem die huius infortunii illuscescente, innuit magister adolescenti nouitio, vt sibi altare præparet in occulto. Stupefactus igitur, nec mirum, iuuenis Priori indicat quid sibi præcipitur. Qui quasi raptus stupore nimio, currit ad magistrum ; quærit si deliret, an falsum sit, quod missam in supremo vitæ periculo velit celebrare. Magister ergo intuitus Priorem auersis oculis, innuit vt recedat. Quo parente, et expectante rem tam grandis euentus, surrexit magister, vt potuit sacris vestibus se induit. celebrauit. Et sumpto corpore viuifici sacramenti, vulnera manus et gutturus secundæ ablutionis in calice liquore perfudit, et sic in integrum sospitatus, eadem die in admirationem omnium, qui rem sciuerant, in consistorio coram Papa, et Cardinalibus, et omni clero gloriosisime predicauit." Traduction : Thomas de Cantimpré, Les exemples du livre des abeilles, présentation, traduction et commentaire par Henri Platelle, Brepols : Turnhout, 1997, pp. 261-263.

371.

ETIENNE DE BOURBON, Tractatus de diversis materiis predicabilibus, dans Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés du recueil inédit d’Etienne de Bourbon, éd. Albert Lecoy de la Marche, Paris, 1877, p. 59.

372.

ETIENNE DE BOURBON, Tractatus de diversis materiis predicabilibus, BnF lat. 15970, f. 648a.

373.

ETIENNE DE BOURBON, Tractatus, dans Anecdotes, p. 29.

374.

Op. cit., p. 197.

375.

Stephen L. FORTE, "A Cambridge Dominican collector of Exempla", AFP 28 (1958), p. 118.

376.

Op. cit., p. 131.

377.

La Scala Coeli de Jean Gobi, éd. Marie-Anne Polo de Beaulieu, Paris, 1991, p. 336 : "Legitur in Libro de Vita et Perfectione Fratrum Predicatorum quod frater Jordanis semel devotissime predicabat crucem sanctam, et cum nihil proficeret licet diu predicassset, surrexit mulier habens manum aridam et omnino inutilem, et accedens cum magna devotione crucem assumpsit. Post ejus assumptionem statim ejus manus arida est perfecte curata."

378.

Vitæ Fratrum, IV, 25, 8, p. 227 : "Mulier quedam curva et toto contracta corpore fecit se afferi ad predicacionem illius ; cumque propter pressuram ad eum venire non posset, post recessum populi accepit cortices salicum, super quos frater sederat, et invocata beata virgine et fratre Petro, predicatore eius, cum eis tetigit incturas membrorum suorum ; staimque membra eius ceperunt cum sonitu quasi cera distendi ; et ex tunc erecta est magnificans Deum."

Le rapprochement entre ce texte des Vitæ et celui de la Scala celi est proposé par M.-A. de Beaulieu, La scala celi, p. 670.

379.

VINCENT DE BEAUVAIS, Speculum historiale, XXXI, 79, Douai, 1627, p. 1312 : "Cumque didicisset plenius rei seriem, quesivit a muliere an de manu sua vellet accipere Christi crucem. Quæ ait : volo. Et dum vir crucis Christi signaculum suum imponeret humeris, in ipsa mox impositione, mulier adesse sibi sensit perfecte remedium sanitatis."

380.

Sur la prédication de la croisade, voir Nicole BERIOU, "La prédication de croisade de Philippe le Chancelier et d’Eudes de Chateauroux en 1226", dans La prédication en pays d’Oc (XII e - début XV e siècle), Cahiers de Fanjeaux 32, Toulouse, 1998, pp. 85-109 ; Christoph T. MAIER, Preaching the Crusades. Mendicant Friars and the Cross in the Thirteenth Century (Cambridge Studies in Medieval Life and Thought 28), Cambridge, 1994 and 1998. Quelques sermons modèles sont édités par Christoph T. MAIER, Crusade propaganda and ideology : model sermons for the preaching of the cross, Cambridge, 2000.

381.

Chronica monasterii S. Agnetis, Giovambattista MELLONI, Atti o memorie degli uomini illlustri in santità nati o morti in Bologna, Classe seconda vol. I, Bologne, 1773, p. 366 : "Concessit preterea Ven. Pater ac deputavit eis Fratres, qui Missarum solemnia quotidie in earundem Domo celebrarent, utpote Domus Ordinis."