II.3.2. La notion de croissance

Rosengren, Gelman, Kalish et McCormick (1991) se sont quant à eux particulièrement intéressés aux connaissances théoriques que les enfants entre 3 et 5 ans possèdent à propos de la croissance des êtres vivants. Après la présentation initiale d’un premier dessin, l’expérimentateur proposait à l’enfant de choisir, parmi deux dessins représentant ce même objet, la meilleure représentation de cet objet dans quelques années. Parmi les différentes conditions expérimentales, la notion de croissance était manipulée par la variation de la taille des deux objets entre lesquels l’enfant devait opérer son choix. Dans la première condition, l’enfant avait le choix entre un dessin représentant cet objet à la même taille et un dessin de cet objet mais de plus grande taille ; dans la deuxième condition, l’enfant devait effectuer son choix entre un dessin de cet objet présenté à la même taille et un dessin de cet objet plus petit. Pour la moitié des essais, les questions portaient sur des animaux (si la notion de croissance est assimilée, l’enfant devrait choisir dans la première condition les items de plus grande taille et dans la deuxième, les items de même taille) ; pour l’autre moitié, elles portaient sur des artefacts (dans les deux conditions, l’enfant devrait choisir les objets de même taille).

Là encore, les résultats montrent un taux de réponses correctes corrélé à l’âge des enfants, les plus âgés ayant de meilleures performances. Les résultats font également apparaître une différence de performances entre les deux domaines pour les enfants les plus jeunes : les enfants réussissent mieux l’épreuve lorsque des animaux sont impliqués plutôt que lorsqu’il s’agit d’artefacts (respectivement 83.5 % de bonnes réponses contre 64 %). Plus précisément, les résultats montrent également que, pour les 3/4 ans, la première condition expérimentale est particulièrement difficile lorsqu’elle concerne les artefacts : les enfants obtiennent des résultats proches du hasard, ils semblent étendre aux artefacts une propriété propre aux êtres vivants : la croissance. On peut noter, là encore, que les connaissances théoriques ne se construisent pas par une simple opposition entre catégories : connaître une information à propos des artefacts n’implique pas son contraire pour le domaine des animaux.

En utilisant la même méthode, Inagaki et Hatano (1996) sont parvenus à confirmer ces résultats et ont permis de montrer que des enfants entre 4 et 5 ans appliquaient cette notion de croissance à des animaux mais aussi à des plantes vertes, toujours à l’exclusion des artefacts. Ces auteurs ont manipulé la notion de croissance en modifiant la taille des objets présentés comme l’avaient fait Rosengren et al. (1991) mais également à partir de la modification d’aspects perceptifs autres que la taille (par exemple le chiot est présenté ensuite par le dessin d’un chien adulte ou bien le bourgeon a donné une plante).