II. Expérience 2 : jugement de propriété

Dans l’Expérience 2, l’enfant doit juger de la pertinence d’une propriété qui lui est proposée pour un dessin d’animal ou d’artefact. Cette fois, une seule image est présentée à l’enfant, le jugement par exclusion est donc impossible. Pour éviter le raisonnement par analogie, trois types de propriétés sont proposées. Ces propriétés peuvent être soit adéquates pour la catégorie considérée, soit impossibles (inadéquates pour la catégorie considérée), ou bien encore bizarres, c’est-à-dire non familières tout en étant possibles pour cette catégorie. Par exemple la propriété “manger du papier” est une propriété bizarre valable pour les animaux car l’événement manger est compatible avec les animaux mais ne l’est pas avec les artefacts et, surtout, aucun animal connu des enfants ne mange de cet aliment. De même, la propriété “sert à fabriquer de la lessive” est considérée comme une propriété bizarre pour les artefacts car aucune machine connue des enfants n’a cette fonction, celle-ci n’étant néanmoins pas incompatible avec la catégorie des artefacts.

Tout comme dans l’expérience précédente, les images sur lesquelles portent les propriétés sont pour moitié familières et pour l’autre moitié non familières.

Si l’enfant répond positivement dans le cas où une propriété bizarre est associée à une image non familière, cette réponse peut être considérée comme issue d’une projection de certaines connaissances appartenant au niveau de domaine vers le niveau de base. En effet, de telles propriétés bizarres n’ayant jamais été observées par l’enfant auprès d’aucun autre objet de la même catégorie, un raisonnement par analogie entre le niveau de base d’un animal connu et l’animal non familier présenté ne peut permettre cette réponse.

Nous faisons donc l’hypothèse que dans le cas d’associations de dessins avec une propriété bizarre, nous observerons une tendance progressive de l’enfant à accepter cette propriété adéquate pour la catégorie, même pour un objet non familier. Cela attesterait une utilisation croissante d’inférences effectuées à partir de catégories de domaine. Nous attendons également une diminution progressive et régulière des refus pour les propriétés adéquates avec la catégorie. Parallèlement à ces résultats, nous faisons l’hypothèse d’une augmentation progressive des refus pour les propriétés impossibles. Dans cette condition avec propriété impossible, lorsque les dessins sont non familiers, le refus, qui est ici la réponse correcte, serait tout particulièrement interprétable comme la marque d’une inférence à partir d’une catégorie générale.