II.1. Organisation selon la notion de fréquence

L’étude des conséquences de la fréquence d’occurrence sur la représentation des connaissances sémantiques en mémoire est un point d’investigation actuel. Comme le rapportent Simons, Graham, Owen, Patterson et Hodges (2001), la familiarité que nous entretenons avec un objet particulier (ici, la variable familiarité peut être assimilée au facteur fréquence) se matérialise par une activité cérébrale différente lorsque nous observons cet objet. Dans cette étude réalisée par tomographie par émission de positons, l’activation du cortex préfrontal ventro-latéral gauche est en effet spécifique d’un traitement de stimuli familiers alors que l’activation du cortex occipital l’est pour le traitement des stimuli non familiers. La présentation d’images différentes représentant un même objet a également pour particularité d’augmenter le débit sanguin dans le cortex temporal inférieur gauche.

Des études en neuropsychologie confirment l’importance de la fréquence dans les performances des sujets. Il est par exemple classiquement reconnu que le traitement des mots de basse fréquence pose plus de difficultés pour les patients atteints de Démence de Type Alzheimer (DTA) (Hodges, Salmon & Butters, 1992 ; Chertkow, Bub & Caplan, 1992 ; Goldstein, Green, Presley & Green, 1992 ; Montanes, Goldblum & Boller, 1995).

La question de la fréquence peut s’étudier à deux niveaux, selon qu’il s’agit de la fréquence d’apparition d’un même objet ou bien de la fréquence de rencontre de plusieurs exemplaires d’une même catégorie. Ces deux aspects seront abordés tour à tour dans les paragraphes suivants : nous distinguerons les conséquences de la répétition d’un même objet (fréquence de rencontre d’un objet) pour sa reconnaissance et les effets engendrés par la présentation de différents exemplaires d’une catégorie (fréquence de rencontre d’exemplaires appartenant à la même catégorie) pour la décision de son appartenance catégorielle.