II. La Démence de Type Alzheimer (DTA)

II.1. Epidémiologie

Selon l’étude Paquid (Dartigues, Gagnon & Michel, 1991), l’incidence annuelle de la maladie d’Alzheimer est, en France, de 1.14 %. Une projection effectuée par Ritchie en 1995 prédisait que, sur notre territoire, 313 000 personnes seraient atteintes par la DTA en l’an 2000, 395 000 en 2010 et 525 000 en 2020. Cette prédiction s’accorde avec les données actuelles fournies par le secrétariat d’état aux personnes âgées : dans son dossier de presse d’octobre 2001, il rapporte que 350 000 à 400 000 personnes sont actuellement atteintes de cette pathologie en France.

Comme le montrent les études épidémiologiques, l’âge est l’un des facteurs prédisposant à la pathologie : 83.7 % des patients actuellement atteints de DTA auraient en effet plus de 80 ans. Précisément, l’incidence de la pathologie serait multipliée par 18 entre 69 et 85 ans : entre 65 à 69 ans, elle serait de 2,4 pour 1000 alors que, après 85 ans, elle serait de 42,9 pour 1000. Cependant, la démence de type Alzheimer n’est pas une simple exagération de la sénescence. Des études montrent qu’au-delà de 85 ans, son incidence se stabilise (Ritchie & Kildea, 1995 ; Lautenschlager et al., 1996, cités par Moreaud, 2000). La DTA n’est donc pas un vieillissement “accéléré”, mais l’âge est un facteur prédisposant à l’apparition de cette pathologie.

La présence d’antécédents familiaux est également un facteur de risque sans pourtant être une cause suffisante. Il faut distinguer la forme familiale de la maladie d’Alzheimer (dite “autosomique dominante”) et la forme non familiale sporadique pour laquelle la présence de un ou deux allèles Epsilon 4 de l’apolipoprotéine E codé par un gène situé sur le chromosome 19 constitue un facteur de risque (Corder et al., 1993 ; Bird, 1994 ; Petersen et al., 1995). Pour illustrer ce risque nous pouvons évoquer l’étude de Petersen et al. (1995). Dans leur étude, 90 % des personnes qui présentaient un déficit mnésique isolé se matérialisant par des performances aux tests mnésiques au-dessous de la moyenne et qui étaient porteuses d’un allèle E4, développaient une démence dans les 5 ans.

La forme familiale de la maladie d’Alzheimer est particulièrement rare puisqu’elle concerne 3 cas pour 1000 selon l’étude Paquid (Dartigues, Gagnon & Michel, 1991). Cette forme de DTA est génétique, et se transmet d’une génération à l’autre selon un mode héréditaire dominant. Les recherches sur cette forme de la DTA sont particulièrement précieuses. Elles ont d’ores et déjà permis d’observer que des mutations ponctuelles sur les chromosomes 1, 14, 19 et 21 sont responsables de l’apparition de cette pathologie (pour une revue particulièrement complète, voir Selkoe, 2001).

D’autres facteurs de risques tels que le sexe féminin, les antécédents de trauma crânien, l’exposition à l’aluminium ou le faible niveau d’études a été évoqué dans plusieurs études (pour une revue, voir Ritchie, 1995). Toutefois, aucun de ces facteurs n’est à lui seul suffisant pour prédire de façon fiable la survenue de cette pathologie. A ce jour, les causes de la DTA restent donc inexpliquées. Cependant, la DTA n’est pas une terra incognita, la description des lésions histologiques, par exemple, semble actuellement établie.