II.2. Lésions histologiques

Les lésions histologiques observées lors de l’autopsie de cerveaux de patients présentant une DTA sont une atrophie corticale, la présence massive de plaques séniles, une dégénérescence neurofibrilaire et une dégénérescence granulo-vacuolaire. Avant de présenter plus en détails chacun de ces éléments48, il est important de noter qu’aucune de ces lésions n’est spécifique à la DTA puisqu’elles peuvent être également la conséquence d’un vieillissement normal. Cependant, leur intensité et leur répartition topographique sont relativement caractéristiques de la DTA. L’autopsie pratiquée par Hauw et al. (1986) sur 12 cerveaux de sujets centenaires le confirme : chez ces personnes âgées ne présentant pas de pathologie particulière, ces lésions sont quantitativement moins importantes.

L’atrophie du cortex est diffuse. Comme nous l’avons présenté dans la partie introductive de ce chapitre, elle se manifeste à la fois par une dilatation des espaces ventriculaires, et par une perte de substance blanche et grise.

Au niveau extra-cellulaire, des plaques séniles sont observables. Ces lésions sont situées dans l’espace entre les cellules. Le coeur des plaques est constitué de dépôts anormaux d’une protéine (béta-amyloïde) entourée de prolongements neuronaux en dégénérescence. Cette substance b-amyloïde est un fragment d’une protéine précurseur (APP pour “amyloid protein precurseur”) dont le gène est situé sur le chromosome 21. Ce précurseur a été conservé au cours de l’évolution, et jouerait un rôle dans les communications entre cellules nerveuses. Il s’agit d’une molécule qui n’a rien en elle-même de pathologique, mais c’est l’agrégation des fibrilles d’amyloïde qui constituerait le phénomène toxique.

Deux types de lésions sont repérables au niveau intracellulaire : une dégénérescence neurofibrilaire et une dégénérescence granulo-vacuolaire.

La dégénérescence neurofibrilaire se traduit par des lésions présentes dans le cytoplasme des neurones et correspond à l’accumulation de filaments pathologiques dans le corps cellulaire et le prolongement des cellules nerveuses. Ces fibrilles anormales sont des filaments de 10 nanomètres appariés en hélices (PHF pour Pired helical filaments). Elles sont constituées de protéines (protéines tau dont le gène se trouve sur le chromosome 17) anormalement porteuses des groupes phosphates dont la particularité biochimique provoque une perturbation grave du fonctionnement du neurone puis sa mort. La dégénérescence granulo-vacuolaire présente au niveau cytoplasmique se matérialise par de petites vacuoles claires de 4 à 5 microns de diamètre.

Ces lésions ne se répartissent pas au hasard et semblent suivre une logique propre, touchant préférentiellement les couches moyennes du cortex où s’effectuent les connexions entre les aires corticales. La topographie de ces lésions et le caractère progressif de cette pathologie que nous allons préciser dans le paragraphe suivant, ont des conséquences sur les capacités cognitives des patients.

Notes
48.

La présentation de ces lésions histologiques reste toutefois succincte. Aussi, nous renvoyons à Selkoe (2001) qui effectue une revue récente et complète de la question.