II.5.1. Trouble de dénomination d’images

De nombreuses études montrent que les patients, dès le début de la DTA, éprouvent des difficultés dans l’évocation du nom à partir d’images (Huff, Corkin & Growdon, 1986 ; Shuttleworth & Huber 1988 ; Cardebat, Démonet, Puel, Nespoulous & Rascol, 1991 ; Montanes, Goldblum & Boller, 1995 ; Grossman, Robinson, Biassou, White-Devin & d’Esposito, 1998).

Cependant, la réalisation de cette tâche de dénomination est particulièrement parasitée par des variations dans les caractéristiques des images, aussi, il est possible de penser que cette tâche ne reflète pas l’état des connaissances sémantiques des patients mais témoigne de l’état du système visuel des patients. Il est vrai que, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent (Chapitre II, partie II.4.2.), les capacités de dénomination des patients sont largement influencées par le caractère coloré des dessins (Chainay & Rosenthal, 1996 ; Montanes, Goldblum & Boller, 1995...). La complexité visuelle semble également interférer dans les performances des patients DTA réalisant cette tâche (Goldstein et al., 1992 ; Montanes, Goldblum & Boller, 1995). Toutefois, les travaux de Huff et collaborateurs (Huff, Corkin & Growdon, 1986 ; Huff, Growdon & Corkin, 1992) confirment que, même si les caractéristiques perceptives influencent les performances des sujets, elles ne sont pas la seule cause du déficit de dénomination d’images. Dans leur première expérience (Huff, Corkin & Growdon, 1986), des patients DTA et leurs contrôles étaient invités à réaliser trois tâches : un test de fluence, une épreuve de discrimination de formes (comparaison entre deux polygones présentés simultanément) et un test de dénomination. A l’issue de ces tests, des performances globalement moins bonnes pour les DTA par rapport à celles de leurs sujets contrôles étaient relevées pour ces trois épreuves. Toutefois, lorsque des patients DTA étaient appariés à des sujets contrôles sur leur score obtenu au test de discrimination, les résultats des patients restaient toujours inférieurs à ceux des sujets contrôles pour le test de dénomination.

Ainsi, des erreurs dans ces tâches de dénomination refléteraient, en partie, des effets des attributs visuels des objets à dénommer, mais traduiraient également des perturbations des connaissances sémantiques.