IV.3.2. Comparaison entre les performances des DTA débutants et modérés

La comparaison entre les performances du groupe de DTA débutants et modérés pour les temps de réponse et les taux d’erreurs63 permet de mettre en évidence un effet différent de la progression de la pathologie suivant le niveau auquel les informations sont à vérifier.

La Figure 37 présente les performances de ces deux groupes pour chaque condition expérimentale. Les temps de réponse correspondent aux barres de l’histogramme et les taux d’erreurs sont indiqués par les losanges.

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Cette comparaison met en évidence l’existence d’un ralentissement général inhérent à la pathologie. Les patients DTA modérés ont en effet besoin de plus de temps que les DTA débutants pour vérifier les associations proposées (différence de 585,8 ms, p < .05). Cette augmentation des temps de réponse ne s’accompagne pas d’une augmentation générale des taux d’erreurs (différence de 0.8 %, p > .05) mais une configuration toute particulière apparaît selon les niveaux.

Pour les informations de niveau supra-ordonné, et conformément aux observations que nous avions faites au cours du suivi, l’augmentation des temps de réponse s’accompagne d’une baisse des taux d’erreurs. Cette baisse est significative seulement pour les informations supra-ordonnées fonctionnelles (différence entre les DTA débutants et les DTA modérés pour cette condition : 3.1 %, p < .05). L’allure du graphique pour les informations supra-ordonnées structurales n’est pas en désaccord avec cette observation. Ainsi, d’une manière générale pour les informations supra-ordonnées, la progression de la pathologie s’accompagne d’une difficulté de plus en plus importante pour accéder aux connaissances : avec la progression de la DTA, les patients auraient besoin de plus de temps pour récupérer les informations en mémoire, ils parviendraient ainsi à mieux récupérer les informations correctes que les sujets moins atteints. Les informations supra-ordonnées fonctionnelles seraient les premières affectées par cette difficulté d’accès puis, dans un deuxième temps, les informations supra-ordonnées structurales seraient concernées. La progression différente de la pathologie à ce niveau suivant la nature de l’information s’accorde avec nos observations précédentes réalisées auprès des jeunes et des personnes âgées contrôles et qui montraient que le niveau supra-ordonné est le niveau privilégié pour les informations structurales.

Pour les informations de niveau d’entrée, l’augmentation des temps de réponse s’accompagne plutôt d’une augmentation des taux d’erreurs. Cette augmentation est significative uniquement pour les informations d’entrée structurales (différence de taux d’erreurs entre les deux groupes de DTA 2.05 %, p < .05). Toutefois, l’allure du graphique pour les informations d’entrée fonctionnelles est en accord avec cette observation (différence non significative de 0.5 %). Ainsi, avec la progression de la pathologie, les patients ont besoin de plus en plus de temps pour traiter les informations de niveau d’entrée, mais ce temps supplémentaire ne leur permet pas d’accéder à l’information correcte. Ces résultats suggèrent donc que la pathologie affecte non seulement l’accès aux informations sémantiques de niveau d’entrée mais aussi le stock même des connaissances de niveau d’entrée. Les informations de niveau d’entrée structurales seraient les premières affectées par cette perte du stock, puis les informations de niveau d’entrée fonctionnelles seraient concernées. Là encore, cette différence selon la nature s’accorde avec nos précédentes observations : le niveau d’entrée est le niveau privilégié pour les informations fonctionnelles. D’une façon générale, cette vulnérabilité des informations spécifiques aux concepts (ici, niveau d’entrée) s’accorde avec les données de la littérature (Huff, Corkin & Growdon, 1986 ; Martin, 1992 ; Sailor, Bramwell & Griesing, 1998).

Cette comparaison permet d’observer l’effet de la pathologie entre les stades débutant et modéré. Nous proposons maintenant d’analyser les taux d’erreurs que nous avons relevés pour les sujets plus sévèrement atteints par cette pathologie.

Notes
63.

Ces comparaisons de moyenne ont été effectuées avec le test t sur séries non appariées