IV.3.3. Analyses des taux d’erreurs produits par les DTA sévères

Pour la population de DTA sévères, une seule analyse de variances (Anova) a été effectuée, sur les taux d’erreurs64.

Cette analyse confirme la disparition de l’effet du niveau. Cet effet n’est pas significatif pour les DTA sévères sur les taux d’erreurs, F(1, 8) = 0.072, p > .05. Les informations de niveau d’entrée suscitent autant d’erreurs que celles du niveau supra-ordonné.

L’effet de la Nature de l’information n’a également aucun effet. Le groupe de DTA sévères produit autant d’erreurs pour les informations fonctionnelles et structurales, F(1, 8) = 1.524, p > .05.

Concernant l’interaction entre les variables Niveau et Nature, rappelons que celle-ci était significative pour les patients DTA débutants puis, au cours du suivi, cette interaction devenait non significative (elle ne l’était plus dès la deuxième passation). Pour les patients DTA modérés, les deux variables n’interagissaient pas non plus, ce qui nous permettaient de conclure que, progressivement, la sensibilité différente des niveaux à la nature de l’information disparaissait avec la pathologie et, à travers elle, l’indépendance des niveaux. Pour le groupe des DTA sévères, cette interaction redevient significative sur les taux d’erreurs, F(1,8) = 12.8, p < .05. Cette significativité traduit une difficulté toute particulière des patients pour traiter les informations supra-ordonnées fonctionnelles ainsi que les informations de niveau d’entrée structurales.

Concernant les informations supra-ordonnées fonctionnelles, cette augmentation des taux d’erreurs s’inscrit logiquement dans notre hypothèse relative à la stratégie particulière développée pour ces informations. En effet, nous avions suggéré que, spécifiquement pour ces informations, les sujets mettaient en oeuvre une stratégie consistant à prendre plus de temps pour répondre correctement. Il est possible qu’avec la progression de la pathologie, cette stratégie ne soit plus suffisante pour pallier la difficulté rencontrée par les patients face à ce type de propriétés. Par conséquent, les taux d’erreurs redeviendraient particulièrement élevés pour ces informations supra-ordonnées fonctionnelles, ce qui traduit certainement une perte du stock de ces connaissances. Rappelons que nous ne pouvons pas procéder à des analyses sur les temps de réponse pour ces patients DTA sévères. Notre hypothèse aurait pu être validée avec plus de certitude si nous avions pu procéder à une telle analyse. Une augmentation des temps de réponse entre les DTA modérés et les DTA sévères, associée à cette recrudescence d’erreurs pour ces informations, auraient alors été le signe de la perte du bénéfice de ce compromis entre rapidité et exactitude et, au-delà, le signe certain de la perte du stock des informations supra-ordonnées fonctionnelles.

De la même manière, l’augmentation significative des erreurs pour les informations d’entrée structurales traduit la perte du stock de ces connaissances.

Ainsi, bien que partielle car reposant uniquement sur les taux d’erreurs, cette passation effectuée auprès de patients DTA sévèrement atteints va dans le sens de nos hypothèses d’un effet différent de la pathologie suivant le niveau et la nature de l’information.

Notes
64.

Le tableau Anova pour les DTA sévères est consultable en Annexes, page 56.