Rôle du père

Le père, à la fois modèle et référence, créateur et objet d’envie, inhibe, interdit, contrôle et canalise les pulsions instinctives, les élans spontanés et toute intention d’évolution ou de mutation. Mais il est aussi celui qu’on voudrait avoir avec soi, posséder et en même temps égaliser.

En tant que formation substitutive de la passion pour le père, le Moi idéal contient le germe d’où sont nées toutes les religions. En mesurant la distance qui sépare son Moi du Moi idéal, l’homme éprouve ce sentiment d’humilité religieuse qui fait partie intégrante de toute foi ardente et passionnée. Au cours du développement ultérieur, le rôle du père avait été assumé par des maîtres et des autorités dont les commandements et prohibitions ont gardé toute leur force dans le Moi idéal et exercent, sous la forme de scrupules de conscience, le rôle de censure morale. La distance qui existe entre les exigences de la conscience morale et les manifestations du Moi fait naître le sentiment de culpabilité8.

L’image du père ainsi construite est, dans notre société arabe, particulièrement porteuse des références d’autorité : c’est lui qui signifie la loi, les obligations et les interdictions.

Notes
8.

- S. FREUD, Essais de psychanalyse, Paris, Gallimard, 1933.